Le Prénom par Hugo Harnois

Un livreur sur un scooter filmé de dos, appuyé par une voix off qu'on pourrait retrouver dans un Jeunet, décrivant l'itinéraire de cet homme comme l'Enfer avant d'arriver dans un appartement : celui de Pierre et Élisabeth. Mauvaise adresse pour le livreur mais pas pour nous, qui resterons passer toute la soirée en compagnie également de Claude l'ami de la famille, et le couple Vincent et Anna, annonçant à leurs amis le prénom de leur futur bébé.

On sent dans ce huit clos la présence du théâtre et des centaines de répétitions qui ont du avoir lieu tant le texte est bien écrit, avec des acteurs maniant leurs rôles à la perfection. Dans la première partie surtout, les dialogues s'enchainent à une vitesse folle, où le récit, qui aurait pu vite perdre son souffle vu le thème abordé, arrive à établir des liens de cause à effet de sorte que l'on ne s'ennuie pas durant près de deux heures.

Mais le fait que Le Prénom soit tiré d'une pièce aurait pu avoir des conséquences désastreuses en ce qui concerne la réalisation, pouvant aisément tomber dans des plans mous et plats. Au contraire, la mise en scène de Delaporte et de La Palletière est dynamique avec des personnages qui sont en mouvements constants. La caméra elle, parvient à saisir ce spectacle et tout ce beau monde sans en perdre une miette.

Quant au fond, il faut avouer que nous rêvons tous de ce genre de soirées. Qui n'a jamais voulu cracher toutes ses rancœurs aux êtres qui lui sont les plus chers ? On comprend par exemple la douleur mais à la fois le soulagement d'Élisabeth (Benguigui, crédible) lors du quart d'heure de vérité. Enfin, les deux couples symbolisant la gauche et la droite (légèrement caricatural) sont renvoyés dos à dos avec une certaine touche d'ironie dispersée tout au long du film.

On assiste ici à une comédie à la française comme on en faisait plus mais qui fait réellement plaisir à voir. Prendre des risques dans ce genre cinématographique, c'est peut-être ça, la clé de la réussite.