SPOILERS INSIDE


The Prestige relate la rivalité de deux prestidigitateurs incarnés par Christian Bale et Hugh Jackman.
Le jeu des acteurs est tout à fait correct, je dirais même de qualité pour la majere partie.
La photographie est très pensée, l'image composée, ça fait plaisir.
Les costumes et les décors évoquent bien l'époque, mais manquent un peu de rigueur, de détail.
Les thèmes abordés : la prestidigitation, le mensonge, la jalousie le sacrifice et, surtout, l'obsession, sont très bien abordés, sans nécessairement tomber dans des poncifs, et même si un des protagonistes est plus ouvertement le méchant du film, l'autre n'en est pas pour autant le gentil, tous deux font preuve de bassesse. Bref, un message sympa.


Mais.


En allant voir un film de prestidigitation, on sait qu'il ne faut pas croire ce que l'on voit. on sait qu'on va se faire doubler, se faire avoir. Alors on aiguise sa perception, sa vigilance, on cherche les trucs. Et dans The Prestige, les trucs ne sont pas difficiles à percevoir. Pour ce qui est de la réalisation, les postiches de Christian Bale sont évidents, on le reconnaît sans problème et les indices qu'il divulgue dès le début du film "je suis le seul à pouvoir faire ce tour, il n'est pas reproductible" nous donnent son secret sur un plateau d'agent. D'ailleurs, la plupart des "twists" du film sont tout aussi faciles à deviner : Bale mène Jackman en bateau, Jackman mène Bale en bateau... Certes, le grand plaisir de ce genre de films est de percer le mystère. Mais le mode d'emploi est un peu trop facile.


Soit.


Mais ce défaut, mis en rapport avec les qualités véritables de ce film, ne mérite pas de lui octroyer un 2. Ce qui lui vaut cette note, c'est sa fin. Je m'explique : Bale, en prison, lit les carnets de Jackman qui, en suivant le carnet de Bale, a rencontré Tesla et s'est fait fabriquer une machine qui lui permet de se cloner et donc d'être en deux endroits en même temps. J'ai grincé des dents et souhaité que cela ne soit qu'un hoax, qu'un énième degré de mensonge dans lequel la caméra elle-même se serait prise au jeu. Et plus le temps passait, plus le faisceau de preuves pointait vers cette supposition, me plongeant dès que l'hypothèse a surgi (vers la moitié du film) dans un état de crispation expectative, qui ne serait délivrée que par la révélation finale de cette supercherie, le twist final que tout bon film de prestidigitation doit avoir. Le Prestige, pour suivre le vocabulaire du film. Et non.


Le twist final est deviné depuis longtemps, en fait de prestidigitation, on plonge dans la science fiction la plus complète, dans un fantasme grotesque : Jackman se clone et se suicide chaque soir de représentation.
Passons sur le fait que le procès de Bale est absolument illogique, qu'il est condamné à mort sur simple présomption, et sur le fait que la science ne marche pas comme ça : NOLAN, APPRENDS UN PEU LES CODES NARRATIFS DE BASE ! Tout d'abord, on ne change pas de style en pleine narration. On est dans un film de truqueurs, pas dans un film de SF. Le mieux qu'on peut se permettre, c'est d'introduire du fantastique. Ensuite, le fantastique, c'est le doute : Le Jackman qui crache une bulle à la toute fin, c'est pas du doute, c'est du "mais c'est pas fini" à la façon des films d'horreur. Là, on sait que l'impossible s'est produit, et que donc il n'y avait pas de truc à chercher, pas de solution élégante, pas de twist final, pas de mindblow. C'est au mieux du fanboyisme minable envers ce bon vieux Tesla, qui n'aimait que les pigeons et n'en demandait pas tant, au pire de la paresse intellectuelle crasse. Il aurait mieux valu un clin d'œil amusé et Jackman qui dit "abracadabra" et ne jamais connaître la raison plutôt que cette confirmation abrutie que LOL AN FETE ON É DAN 1 MONDE OU SA MARCHE.


D'où ma note détaillée :
Jeu d'acteurs : 5/5
Propos : 5/5
Réalisation : 4/5
Scénario : -10/5


Et si vous vous posez la juste question "peut-on rendre une déception si grande qu'elle efface la qualité et le plaisir qui l'ont amenée", laissez-moi vous retourner cette question : Dans un restaurant, accepteriez-vous de payer l'addition si, à la conclusion d'un bon repas servi de façon tout à fait correct, vous réalisez que la cuillère de mousse au chocolat que vous venez de prendre en bouche est en fait une cuillère de merde ?

LoEmMe
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le 21 nov. 2016

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