Mouarf … Alors que tout le monde encense le Prestige, il me vient une subite envie de revenir sur ce film et de dire que non, clairement on a pas le meilleur Nolan ni même un très bon film. On a un film sympa, réussi, ça c'est sur, mais loin d'être aussi parfait que certains le prétendent.
Bon, vu que je veux critiquer quelques points précis et qu'une littérature gigantesque existe déjà sur ce film, on va faire une critique assez rapide sans trop m'attarder sur tous les bons points du film. Je vais me permettre d'en rappeler quelques uns malgré tout.
Bon déjà le casting. On a du haut niveau qui, en prime, joue bien. Hugh Jackman s'offre enfin un rôle à la hauteur de son talent, Christian Bale est pas mal même si il est pas le meilleur. Michael Caine brule la pellicule par son talent. C'est simple, voyez ce film, puis Insaisissables et puis pleurez ! Scarlett Johansson est là … Et c'est tout parce qu'on l'oublie bien vite.
Non, ce trio d'acteur (avec l'excellente performance de David Bowie) est vraiment remarquable, doté d'un talent fou. Bon, j'ai vraiment eu du mal avec Bale, mais c'est plus que son rôle ne lui correspond qu'à moitié (pour ceux qui ont vu le film : lol).
Il faut dire que si nos acteurs offrent autant de leur talent c'est que le film le permet. On assiste tout le long du récit à un puissant développement scénaristique et les personnages n'ont de cesse de changer. On se prend à les aimer, à les détester, à se surprendre à les comprendre, à les renier. C'est très dur d'en ressortir avec une idée fixe pour n'importe lequel des personnages (sauf en disant que ce sont tous des ordures peut être).
Au niveau narration, on a évidemment du grand Nolan. Des imbrication de récits entre eux, une ligne temporelle floue par moment mais que le spectateur peut reconstruire aisément pour peu qu'il fasse l'effort. Apparemment le récit duquel est tiré le film repose un peu sur le même procédé. On comprend alors que Nolan ait été emballé par un tel projet, c'est quand même le réalisateur de Memento au hasard !
La narration est d'ailleurs réussie sur un autre point, c'est qu'allié à la mise en scène, on est projeté dans le film de manière directe et claire. Les 2 heures 10 passent avec brio, ni trop vite, ni trop lentement, on est dedans, on rentre réellement dans le film tout en prenant le temps de l'apprécié. Nolan maîtrise parfaitement son temps et c'est une très bonne chose.
Pour le reste, visuellement le film fait son travail, on est dans l'ambiance, là encore on est projeté dans le film. Nolan n'ose pas des prises de risques trop esthétisés mais le film reste bon et accrocheur. Clairement Le Prestige ne connait pas l'ennui.
Notons une bande-son relativement calme, on aurait aimé peut être plus de partie pris, mais la faible présence de celle-ci permet également de rentrer d'avantage dans le côté réaliste et intimiste du film.
Et c'est là qu'on arrive au point faible du film, celui qui m'a énervé. Bon, avant toute chose, il faut relativiser, le film manque de profondeur et de potentielles réflexions. De plus, après un premier visionnage on ne gagne pas grand chose en le revoyant. De ce fait, je ne me voyais pas lui mettre plus de 8. Donc mon 7 ne tient qu'à la fin, qui m'a grandement déçu et cela je vais l'exposer, mais attention … Spoiler ! Du coup, si vous continuez de lire, c'est à vos risques et périls (j'exagère peut être un peu).
Des clones ! Des putains de clones !
Elle est où la logique ? Bon, ok, au niveau dramatique c'est magnifiquement bien mis en place, mais c'est d'une gratuité sans nom. Comment le prévoir ? Comment s'y intéresser ? Le film tombe dans le fantastique gratuit et d'un seul coup on a du mal à y croire, à être dedans, ce qui est des plus gênant, force est de constater. Donc on est déjà assez gêné là-dessus, mais le pire, c'est pour la fin, bien sur.
Un double, mais pas un simple double, un jumeau qui vit la chose à 100%, c'est ça le pire. Deux hommes pour une même vie, sans réelle raison au demeurant, on ne comprend ni quand, ni pourquoi ils ont décidé de faire cela. C'est très compliqué à comprendre même si on voit le sacrifice ultime qui est fait pour l'art.
Le problème c'est là encore le caractère gratuit de cette révélation, le côté imprévisible. Certes, c'est un peu le but de la magie, d'être imprévisible, mais il aurait fallu une piste, ça aurait été plus que nécessaire !
Car en dernière instance, le Prestige, ce moment de surprise finale retombe, on s’essouffle car ce qui l'a amené (les clones et le double) sont bien trop gratuits. On était en droit d'attendre un véritable twist, une surprise énorme et non pas une invention à la limite de la science-fiction.
Il y a donc une double déception qui culmine en plus de par le fait que ça se déroule au moment le plus crucial du film.
Je retiendrais du Prestige un jeu d'acteurs brillant, une écriture redoutable pour captiver le spectateur mais un final essoufflé qui ne tient pas ses promesses.