Bienvenue au pays de la filsdeputerie. Nombre d’habitants : 2. Pendant un peu plus de 2 heures, Christopher Nolan (Trilogie Dark Knight, Interstellar, Memento…) nous invite à partager la rivalité haineuse que vont se livrer deux magiciens anglais de la fin du XIXème siècle. À ma gauche, Christian “Batman” Bale, connard têtu mais excellent dans la domaine de la magie et de l’illusion. À ma droite, Hugh “Wolverine” Jackman, sale con jaloux et prétentieux mais accessoirement très bon magicien également. Le match peut commencer.
Pas la peine de s’étendre sur les innombrables qualités de ce film, cela prendrait des heures. The Prestige est excellent. De son histoire à son casting (Andy Serkis en vrai et pas en images de synthèse c’est collector,sans oublier sa majesté David Bowie, parfaits seconds rôles), Nolan peaufine son sujet et cajole son film comme à son habitude. C’est du travail de pro et ça se voit.
En dehors des seconds couteaux forts sympathiques, le trio Bale, Jackman et Johansson répond présent et rivalise de charme et de prestance, même si il faut reconnaître dans ce domaine un léger avantage à Christian Bale. Donc The Prestige tient la route, aucun doute la dessus. Un seul reproche à lui faire et c’est un peu redondant avec ce genre de film. L’absence total d’empathie pour les héros. On assiste à un combat entre deux connards. Point. L’un fait de sa vie une extension même de son métier, si bien que la frontière entre la scène et la vie privé s’écroule, dynamitée par les secrets qu’il s’acharne à garder pour lui, alors que l’autre ne vit que pour les acclamations d’un public qui le temps d’un instant voit ses convictions ébranlées. Entre le sociopathe du jour et le sociopathe de la nuit, à aucun moment on a envie de prendre partie. Parce qu’être bougrement doué n’empêche pas d’être un sale con.
La psychologie des personnages est très travaillée, on reconnait la patte de Nolan mais c’est juste que l’on attend pas grand chose de ce duel au sommet. Non pas que ce soit inintéressant, mais qu’il n’y ait pas de moral à sauver enlève au film un intérêt pour le spectateur. Finalement peu importe qui gagne. Dans The Prestige, la vraie question n’est pas qui mais comment.
Paradoxal, car c’est en y répondant qu’une illusion se suicide…
Chernacadabra