Le Prince oublié l'est déjà. Trop vite, bien trop vite à la vue des moyens mis en oeuvre pour faire vivre un univers à mi-chemin entre le conte et la réalité adolescente, faite de moments tantôt complices tantôt humiliants entre un père et sa fille, naviguant entre les studios ACME laids comme un pou et les quartiers parisiens dont les bus affichent non plus des publicités mais des dictons et slogans positifs, naïfs à souhait.


Cette naïveté, ces couleurs criardes, ces sourires à la pelle, ces grimaces abrutissantes et cette panoplie cheap (costumes, décors) made in Europe de l'Est tentent de tenir la baraque hors de l'eau alors que le film est un naufrage émotionnel : rien ne fonctionne, pas même les yeux gros comme ça d'Omar Sy en papa modèle ni la musique d'Howard Shore, ici anonyme. Les embrassades entre les vivants et les oubliés n'atteignent pas leur but émotionnel, là où les studios Pixar arrivent à confronter les vivants avec la mort d'une manière autrement plus fine et émouvante, Michel Hazanavicius se plante à cause d'une réalisation navrante et inoffensive.


Le Prince oublié, par la démesure de sa plastique finalement ringarde, par ses deux protagonistes de premier plan mais néanmoins ridicules (Le Prince et Pritprout, affligeant François Damiens tout en grimaces) est un divertissement qu'on aimerait soutenir et dont on aimerait croire en la magie. Malheureusement, la finesse pachydermique de son exécution et ses hommages appuyés avec lourdeur à tout un pan de l'imaginaire estampillé Hollywood (vous aussi, vous l'avez vu ce drapeau américain en classe?) font de cette parenthèse cinématographique une oeuvre aussi transparente que le personnage de Berenice Bejo, condamnée à tenir une porte dans ses mains tout du long. Une certaine idée du ridicule.

XavierChan
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le 8 janv. 2021

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XavierChan

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