Depuis le triomphe réservé à son The Artist, Michel Hazanavicius s'était fait plutôt discret. Les échecs consécutifs de The Search (à peine 70 000 entrées) et de son Redoutable (135 000 entrées) n'y sont sûrement pas étrangers ; Le Président de la FEMIS a cependant fermement refusé de reprendre la réalisation d'un troisième volet d' OSS 117, cédant sa place à un certain Nicolas Bedos.


Se concentrant sur ce Prince Oublié, projet original au pitch et aux visuels ambitieux, doté d'un budget confortable (24 millions d'euros) son huitième film avait de quoi attiser la curiosité. Hazanavicius étant un cinéaste talentueux, impressionnant cinéphile qui a su s'approprier plusieurs genres pour en livrer une vision toujours intéressante (la sitcom dans Mes Amis le film d'espionnage 60's dans ses deux OSS 117 et le film muet hollywoodien dans The Artist), le fait qu'il se confronte au genre typiquement hollywoodien du film familial pouvait faire espérer le meilleur.


Le Prince Oublié est cependant loin de la réussite espérée ; Pire, le metteur en scène semble patauger, essayant de s'attacher à un récit et à un univers qu'il ne maîtrise jamais vraiment, rendant le tout artificiel et dénué d'émotions. A travers ce conte dans lequel un père essaye de conserver sa place dans les histoires qu'il raconte à sa fille devenue grande, Hazanavicius mixe son The Artist avec du Pixar, sauce Vice et Versa (et un peu de Toy Story).


Il est aisé de voir, à travers ce premier rôle pétri de gloire s'éloigner petit à petit des plateaux de cinéma que sont ses contes pour se diriger peu à peu vers l'oubli, une relecture de son film oscarisé où Jean Dujardin et Bérénice Béjo brillaient. Le réalisateur, connaissant par cœur les codes de ce dernier (jusqu'au fétichisme) pouvait ainsi s'en emparer pour livrer une oeuvre maîtrisée et rafraîchissante, tout le contraire de ce qu'est malheureusement ce Prince Oublié (et de ce qu'il aurait dû être).


Omar Sy se trouve ainsi à rejouer l'étiquette du père sympa , pour un rôle quasiment identique à celui qui'il a campé dans Demain tout commence. Bérénice Béjo en bonne fée, livre une prestation maladroite, à l'image du traitement réservé à ses jeunes interprètes dont le scénario ne maîtrise ni le vocabulaire ni le passage à l'adolescence, axe pourtant essentiel de son récit.


Les décors pétris de fond vert paraissent ainsi aussi petits et inconséquents que ce récit, où Hazanavicius patauge, étant obligé de s'appuyer sur des redites et de petites astuces faciles (et donc des longueurs) pour pleinement conter son histoire jusqu'au bout. Le réalisateur semble ici montrer ses limites, de conteur comme de metteur en scène, dans un projet qu'un cinéaste comme Michel Gondry aurait pu faire des merveilles.


Si tout cela à le goût de la déception, pour Michel Hazanavicius comme pour un projet français ambitieux sortant des sentiers battus, le titre semblait déjà jouer la sécurité ; Ce prince restera malheureusement bien oublié.

QuentinBombarde
6
Écrit par

Créée

le 12 févr. 2020

Critique lue 1.3K fois

7 j'aime

1 commentaire

QuentinBombarde

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

7
1

D'autres avis sur Le Prince oublié

Le Prince oublié
ConFuCkamuS
5

Vice-Versa

Le Prince oublié occupe une place bien particulière dans la filmographie de son réalisateur. Il arrive après les triomphes populaires d'OSS 117 et The Artist, qui célébraient à leur façon le cinéma...

le 29 janv. 2020

8 j'aime

Le Prince oublié
QuentinBombarde
6

The Artriste

Depuis le triomphe réservé à son The Artist, Michel Hazanavicius s'était fait plutôt discret. Les échecs consécutifs de The Search (à peine 70 000 entrées) et de son Redoutable (135 000 entrées) n'y...

le 12 févr. 2020

7 j'aime

1

Le Prince oublié
lhomme-grenouille
5

L’œuvre difforme

Si je devais faire une liste des choses qui m’ont plu ou séduit dans ce film, je pense que – l’air de rien – celle-ci serait assez longue. Pas mal d’inventivité visuelle. Une narration cohérente...

le 13 févr. 2020

6 j'aime

Du même critique

Jusqu'à l'aube
QuentinBombarde
3

Jusqu'à la loose

Jusqu'à l'aube aurait pu être un concept plutôt sympathique. Des épisodes de 20 minutes dans lesquels un trio d'humoristes est lâché une nuit jusqu'aux premières lueurs du jour dans un lieu soi...

le 11 janv. 2020

25 j'aime

3

Hippocrate
QuentinBombarde
7

Urgence de l'instant

Après avoir sur plusieurs longs métrages traité le thème médical dans toutes ses largeurs, l'ex médecin généraliste Thomas Lilti enfonce le clou (ou la seringue) avec la série Hippocrate qui suit...

le 28 nov. 2018

22 j'aime

1

Énorme
QuentinBombarde
7

La Femme en Sainte

Énorme c'est également la place qu'occupe Jonathan Cohen en cette rentrée particulière. Présent cet été dans Terrible Jungle, et à l'affiche d'une série Netflix et Canal +, l'acteur est omniprésent,...

le 4 sept. 2020

18 j'aime

1