Contre vents et marées, Jean-Pierre Mocky continue à tracer son sillon de films dits classiques (comprendre que l'intrigue pourrait se passer dans les années 30 sans soucis), avec ce polar improbable que n'aurait pas renié Frédéric Dard ou Agatha Christie.
L'essentiel de l'intrigue se passe dans un café-restaurant, Le renard jaune, où un inspecteur de police (en t-shirt .. jaune !) enquête sur la disparition d'un écrivain célèbre (il est l'auteur d'un seul livre) et interroge les tauliers du comptoir, alors qu'un des serveurs compte faire exploser l'enseigne avec une boite qui fait tic-tac.
Autant j'ai été très méchant avec ses films plus récents, ici il y a un plaisir de voir un casting aussi improbable, mais totalement déjanté : dites-vous qu'on y trouve Richard Bohringer (qui joue l'écrivain mort), Michael Lonsdale (qui est un immigré, et zozotant ... car il vient de la Province !), Béatrice Dalle (avec une énorme cicatrice au visage), Antoine Duléry (qui penche sa tête en parlant, au point de devoir la mettre droite ensuite), Jean-François Stévenin (et son t-shirt jaune), Dominique Lavanant (qui joue une femme cougar !), Françoise Bertin (en gardienne de la morgue, à près de 90 ans !), Frédéric Diefenthal (avec ses cheveux attachés) et Claude Brasseur.
Si le tournage a été très rapide (une semaine !), et pour un budget très faible, cela n'a pas empêché Mocky de soigner un peu plus sa mise en scène que d'habitude, avec quelques beaux travellings, et une astuce qui est de ne jamais filmer le ciel, certainement pour éviter un faux raccord.
Il faut avouer que l'intrigue policière passez rapidement au second plan à mes yeux pour voir tous ces comédiens qui semblent réellement s'éclater (il suffit de voir les scènes avec Richard Bohringer), pour que cela devienne un plaisir collectif. Comble du bonheur, c'est souvent drôle, surtout grâce au merveilleux Michael Lonsdale, qui en fait des tonnes avec son personnage d'immigré provincial et son zozotement.
Comme je le disais, le film a un aspect un peu caricatural qui donne l'impression d'être intemporel (très peu de choses donnent l'impression que le film se passe en 2013).
Peut-être qu'on pourra reprocher l'aspect technique peu soigné (tournage en DV), ou l'aspect un peu bordélique du tout, mais c'est vraiment le haut du panier en film récent de Mocky.