Brexit dans la boue
Mais à quoi peut bien servir "le Roi", le nouveau film de David Michôd produit par Netflix ? Du point de vue historique - ce qui est quand même le positionnement "naturel" de ce genre de...
Par
le 8 nov. 2019
60 j'aime
17
Voir le film
Le poids tétanisant du pouvoir, aussi lourd que le poids encombrant d'une armure.
La vision, voulue rétrécie par les multiples mensonges et manipulations des affaires d'une nation (bancale), aussi étroite que la fente horizontale d'un heaume.
C'est l'apprentissage éreintant et dangereux d'un jeune homme qui doit baisser le front sous une couronne qu'il n'a pas voulu. Dans la boue, dans le sang, dans une armure, dans un palais sombre et froid.
Grande réussite pour les décors, la lumière parcimonieuse des intérieurs, les costumes étouffants, les "coupes au bol"... David Michôd a fait de l'excellent travail.
Certes, au niveau des faits historiques, il y a des entorses. Mais moins que celles que nous a volontiers (et pour notre plus grand plaisir de lecteurs) infligées le père Dumas. Bref.
Henri V roi d'Angleterre, homme de son temps : un roi qui fut sage au milieu des haines recuites, des magouilles sanglantes, un roi qui "faisait le ménage" pragmatiquement. Avec une violence rendue nécessaire, donc. C'était ainsi.
Charles VI roi de France, traînant dans sa lignée, lui en étant le summum malheureusement, d'une folie effroyable : Très probablement schizophrène, paranoïaque, atteint de bouffées délirantes et d'une santé physique fragile.
Au milieu des nobles revanchards et cupides, ce sont les hommes d'église qui apparaissent encore plus cruels et dénués d'humanité que les guerriers engoncés dans leurs armures cliquetantes.
Un beau casting : Timothée Chalamet, tout en sensibilité, puis en violence retenues. Joël Edgerton, Sir John Falstaff, bourru, taiseux, loyal et courageux. Sean Harris, Sir William Cascoigne, silhouette souffreteuse benoitement implacable. Robert Pattinson, Louis de Guyenne qui transporte dans ses gènes la monstrueuse folie de son père. Et Ben Mendelsohn, père d'Henri bouffé par la maladie et la méchanceté, Lily-Rose Depp que l'on entrevoit seulement (dommage) mais qui habite parfaitement son personnage de femme frêle et très intelligente.
Minimaliste dans sa conception. Pas de "chichis", par de musiques emphatiques. Ce qui rend d'autant plus poignant le destin tragique que l'on devine pour ce jeune roi dont les traits s'endurcissent au fil des évènements...
Adorant ce genre, j'ai été bien entendue séduite. il m'a parfois rappelé le "Macbeth" de Justin Kurzel.
A vous de voir :-)
Ah ! Au fait, la miséricorde est une dague à lame large, qui servait aux combattants à achever leurs ennemis sur les champs de bataille. Celle-ci était conçue pour passer facilement sous le heaume et atteindre le cou, entre autre.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 8 nov. 2019
Critique lue 173 fois
2 j'aime
16 commentaires
D'autres avis sur Le Roi
Mais à quoi peut bien servir "le Roi", le nouveau film de David Michôd produit par Netflix ? Du point de vue historique - ce qui est quand même le positionnement "naturel" de ce genre de...
Par
le 8 nov. 2019
60 j'aime
17
[N.B. Le texte suivant aborde des éléments clés de l'intrigue, et le film mérite assurément d'être découvert d'un œil vierge. Les deux premières sections décrivent la relation du film aux pièces de...
Par
le 5 janv. 2020
53 j'aime
10
Le film était intéressant sur le papier: une page d'histoire, de chevalerie... Malheureusement, n'imaginez pas trouver un concentré d'histoire. Tout est faux, erroné, falsifié, seule, subsiste...
Par
le 4 nov. 2019
27 j'aime
7
Du même critique
Blockbuster choral où les histoires s'entremêlent pour tisser un film flamboyant et épique. Il sort nettement du lot car il porte en lui le reflet d'une tragédie grecque violente, inhumaine dans ses...
Par
le 1 mai 2018
18 j'aime
12
Quel tapage médiatique ! Parce que c'est Steven Spielberg ? Je l'ai vu en version numérique. Je pense sincèrement que la version 3D n'aurait rien changé à ma décevante sidération. Que dire sans...
Par
le 6 avr. 2018
16 j'aime
20
Des pluies noires acides et angoissantes aux cendres brumeuses et mélancoliques. Les humains fragiles et immoraux, des Nexus endurants et effroyablement humains. Un scientifique aveugle, un ange...
Par
le 10 mars 2018
16 j'aime
13