3 minutes de film suffiront à établir un simple constat : Cette nouvelle version 3D gagne en hyperréalisme au détriment de l'anthropomorphisme que mettait si bien en exergue l’animation 2D. Un exemple flagrant concerne la manière dont Zazou s’incline devant son roi dans cette première scène.
Entre la version 2D et 3D il y a tout un monde où l’on perd entre autre la grâce du mouvement qui nous laissait deviner le rôle que le calao à bec rouge tient au sein du groupe ainsi que son expression faciale ou se mélangeait joie et respect.
Et c’est bien cela mon plus gros reproche vis a vis de cette nouvelle version, au delà du simple copié-collé des scènes qui pourrait être un choix revendiqué si cette version ne prétendait pas être autre chose qu’une simple mise à jour du classique. Il n’y a pas une scène ou ne disparait pas ce “jeu d’acteur” qui procurait de la profondeur aux personnages et sans aucun doute de la “magie” à la Disney.
Deuxième constat après 45 minutes de film : Le passage à la 3D n'enlève rien aux qualitées intrinsèque de cette tragédie Shakespearienne. Que l'on parle de scénario, de mise en scène ou de bande son, Le Roi Lion confirme sa place dans le premier tiers des productions Disney.
Alors magie de l'animation 2D mise de coté, est-ce que ce nouveau rendu apporte quelque chose ?
J’arrive presque à m’en persuader à certains moments comme lors de la charge des gnous qui gagne en puissance et en réalisme grâce au poid des volumes 3D et de leur impact sur le sol. Ou encore lorsque Pumbaa se fait attaquer par Nala adulte et donne l'impression à la scène d'être tout droit tirée de Planet Earth. Il ne manquerait plus que la voix de Sir Attenborough pour s'y croire.
Quelques scènes sont également rajoutées pour le plus grand plaisir des fanboys comme cette petite référence à La Belle et la Bête lorsque Timon offre Pumbaa sur un plateau aux hyènes “Be our guest”.
Malheureusement, ces moments où la 3D se présente comme salvatrice se comptent sur les doigts d'une main et n’excuse pas le manque de personnalité dont souffrent les protagonistes car... il n’y a rien qui ressemble plus à un lion qu’un autre lion.
Est-ce que mon analyse est altérée par nostalgie pour la première version visionnée avec mes yeux d’enfant ? Certainement !
Est-ce qu'un enfant qui découvrirait cette même histoire pour la première fois aujourd’hui serait tout aussi charmé par sa magie ? Je serai curieux d'avoir votre avis sur la question.
En attendant, cette version n’en reste pas moins une redite - pratiquement plan par plan - sans la moindre prise de risque créatif et ceci afin de coller au mieux à un cahier des charges qui avait certainement pour principal objectif de ravir les investisseurs de la firme. Car remettons les choses dans leur contexte, Le Roi Lion (2019) c'est un produit commercial qui a tout de même généré $1.65 milliard pour un budget initial de $126 millions. Donc le jour où une critique devra prendre en compte le revenu d'une "oeuvre" comme critère de qualité, Le Roi Lion (2019) s'en sortira certainement avec un 10 sur 10, mais en attendant ce triste jour, c'est un 6 !