Le ruban blanc est mon deuxième Haneke. J'ai beaucoup aimé Haneke pour Amour, pour la terreur, pour la staticité, pour la symbolique et la mise en scène où les images s'accordent parfaitement au fond, sans empiéter sur l'émotion, sans se moquer du spectateur, et en respectant sa propre vision. J'étais heureux de voir que mes a priori étaient estompés et que, bien qu'encensé par la critique qui vénère communément l'art et essai auteuriste, le film a pu être savouré par mon œil de spectateur.

Le ruban blanc. Sélection officielle à Cannes 2009, chef-d'œuvre, diffusé sur Arte avec, en prime, un documentaire sur Haneke qui n'hésite pas à mettre en valeur la volonté de monsieur le réalisateur, le rôle du cinéma à remettre en question sa société, d'abuser de références et peu importe si Haneke est le seul à les connaître, en un mot, de prostituer l'art pour son message. Quelle triste désillusion. Si les premières secondes présentent un décor de tranche de vie du début XX° qui donne entièrement envie de vivre à cette époque et d'en connaître plus de détails — surtout quand on aime Zola —, on commence d'une manière très abrupte en se perdant entre les personnages dont on ne voit pas le lien. Les scènes s'enchaînent rapidement et aucune scène d'exposition ne met le spectateur en conditions, et son regard se retrouve vite trimballé par des images, belles certes, bien que rarement fortes, mais sans intérêt quand on ne peut voir à quoi elles se raccordent. Le film est alors lent, très lent, et j'ai cherché un petit bout d'histoire auquel me raccrocher, en vain, Le ruban blanc finissant tristement par me conforter dans ce que je pensais de Haneke. Bien que la construction et l'idée soient réussies, le film brille essentiellement par son idée, par l'auteur, par son potentiel message.

Très Von Trier, très Godard, très Nouvelle Vague, une bien triste expérience pour le spectateur que je suis, qui a pourtant aimé Amour, mais qui n'aime que peu qu'on se moque de lui.
Ashen
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le 15 mai 2013

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