Il y a bien longtemps, dans une comté lointaine, très lointaine...

Adapter l'œuvre phare de J.R.R Tolkien au cinéma impossible? Au vu de la densité de son univers (ayant inspiré entre autres un certain George Lucas pour sa saga dans l'espace), Le Seigneur des Anneaux est sûrement l'un des paris les plus fous entrepris sur les 20 dernières années. Et apparemment, à voir le résultat final "impossible" ne doit pas figurer dans le dictionnaire de Peter Jackson. Et c'est d'autant plus vrai en version longue.
Le constat est sans appel: en plus de brillamment installer son univers, ses personnages, ses enjeux et ses scènes d'action (impressionnantes), Jackson (accompagné de Fran Walsh et Philippa Boyens) parvient à adapter le pavé sans en altérer l'efficacité. Ainsi donc, nous suivons la quête du Hobbit Frodon Sacquet pour détruire l'Anneau de Sauron, qui renferme la puissance du seigneur des Ténèbres. Accompagné de huit alliés - dont 3 Hobbits, 2 Hommes (Aragorn et Boromir), l'Elfe Legolas, le Nain Gimli et le Magicien Gandalf - le héros doit donc atteindre la Montagne du Destin, pour y jeter l'Anneau dans la lave qui a vu jadis sa création, unique moyen de se débarrasser des forces maléfiques du Mordor ainsi que de Sauron.
Première étape dans le voyage de Frodon et ses amis, La Communauté de l'Anneau est une complète réussite. Contrairement à la prélogie de Star Wars, entamée dans les même délais, le premier volet du Seigneur des Anneaux tire sa force de la volonté de créer sans se reposer principalement sur les effets visuels.
En ressort une impression de ressentir concrètement l'univers de Tolkien. Et même quand Jackson déploie les grands moyens (cf la bataille des Mines de la Moria), il choisit de marier les créations numériques (magnifiques) au réel. Et apporte un souffle épique digne des meilleurs péplums. On ne voit pas passer les 2h45 (version cinéma) ou les 3h20 de la version longue. Mieux, les 35 minutes en plus rendent le film encore plus prenant, en approfondissant d'avantage le monde et les personnages peuplants la colossale création de J.R.R Tolkien.
Qui sont d'ailleurs campés avec brio par des comédiens en parfaite osmose. Qu'il s'agisse de Frodon (Elijah Wood parfait), d'Aragorn (Viggo Mortensen, tonitruant), de Boromir (Sean Bean, au firmament), de Gandalf (impérial Ian McKellen) ou de Legolas (incandescent Orlando Bloom), Gimli (impayable John Rhys-Davies) et les 3 Hobbits Sam, Pippin et Merry (impeccables Sean Astin, Billy Boyd et Dominic Monaghan), tout sonne juste. Même son de cloche pour la musique, très inspirée d'Howard Shore.
Réussir à adapter Tolkien relevait de la prouesse. C'est donc un vrai tour de force que délivre Peter Jackson. "Un Anneau pour les gouverner tous" pouvait-on lire sur la toute première affiche de ce premier volet. À en juger après la vision de La Communauté de l'Anneau, on serait bien tenté de dire "Une saga pour les gouverner toutes". Car il parait évident que si Jackson réussit les deux opus qui vont suivre comme celui-ci, Le Seigneur des Anneaux a de grandes chances de s'imposer comme la plus grande saga cinématographique.