Dernière ligne droite vers l’ultime croisement dans cette saga. Alors que les précédents volets pouvaient peiner au niveau rythmique par moment, ce dernier opus est très endurant, sachant sa version longue complète et logique. La version d’exploitation en salle est sévèrement amputée de justifications, de cohérences et de transitions pourtant nécessaire à la compréhension de ce final. On voit plus grand, facteur de tout ce que l’on a pu acquérir précédemment. Il n’est donc pas surprenant d’observer des plans larges et de qualité. L’introduction de Minas Tirith et le siège que la cité subit sont les quelques preuves d’un aboutissement sans mesure.


Nous avons donc laissé Frodon, Sam et Gollum dans leur croisade qui voit enfin le bout du tunnel. Il n‘empêche que les péripéties s’enchainent, parallèlement à ce qui se passe sur la Terre du Milieu. Entre ces trois compagnons de route, la miséricorde et la trahison s’installe peu à peu. Jamais nous n’aurions tant douter du destin qui sera scellé en ces terres obscures qu’ils traversent. La malédiction de l’Unique voit ses dégâts apparaitre scrupuleusement, tant bien au niveau physique que psychologique. Alors que les relations internes se fissurent, Jackson exempte sa mise en scène de subtilité. A force d’humaniser ses héros, le schéma est parfois prévisible et ne laisse que des clichés sur ses traces. Tout en gardant la vision mythologique et des thèmes des Guerres Mondiales, il néglige certains aspects. Seul Sam hérite d’un bon développement, même si sa figure frôle l’idéal. C’est pourquoi il préfère noyer son décor dans une masse d’effets spéciaux. Encore plus dans l’excès, cela aura au moins le mérite de ne pas trop irriter le visionnage.


Concernant le plus spectaculaire du récit, il est bordé par diverses batailles. Le mal emprunte ainsi une ascension certaine pour la victoire totale. Or, l’homme et sa détermination ne cèderont pas pour autant. A l’image d’Aragorn et de ses équipiers, une forme d’espoir est à l’œuvre. Mais avant tout, ce dernier doit pouvoir s’affranchir de son passé et de ses pêchés. On pourrait alors considérer la figure du mal comme l’éternel Dieu à éprouver. L’Homme cherchant à s’émanciper de la haine de son « créateur ». Bien que cette analogie puisse sembler poussive, une part de vérité se lie à travers le discours du fils d’Arathorn. Il achève ainsi son parcours initiatique le menant, non pas à la gloire mais à la délivrance, à la fois du peuple et de son amour pour lui.


Cetains personnages secondaires sont bien introduits mais à l’image de l’intendant Denethor, aussitôt vu, aussitôt oublié. Le rythme peut arriver à étouffer l’ennui sur une si longue durée. Cependant, certaines transitions coupent brusquement des instants pourtant émotionnellement forts. Le récit est alors poinçonné de bataille en bataille, accompagné de musique épique à n’en retenir que cela. Même les plans d’ensemble alimentent suffisamment l’écran pour filtrer que peu de discours. La bravoure, l’honneur et le devoir sont les sujets les plus redondants.


A présent, les plus belles histoires ont une fin. La célébration est un hommage à tout ce que les Hobbit et la communauté ont apporté. Ils ont tant sacrifié pour mener leur quête à bien, chassant par la même occasion « l’enfant » qui est en eux. La maturité est atteinte dans la noblesse et la tendresse. Et ils vont de pair avec les yeux de chaque spectateur qui ont suivi, encouragé et accompagné l’aventure depuis le départ. On n’entend plus que la baguette d’Howard Shore nous bercer vers le dénouement d’une saga généreuse. « Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi » dénoue ainsi toute la mise en abîme des enjeux que l’on supporte à coup de suspense et d’affrontement de masse. Plus bruyant que réfléchit, l’immersion est tout de même au rendez-vous. Une œuvre pas toujours équilibré mais qui reste solide et maîtrisée par une Peter Jackson, successeur indéniable de Tolkien dans le 7ème Art !

Cinememories
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le 22 juin 2017

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