Bien que peu enthousiasmé par le premier opus, je me précipite un an plus tard dans la même salle pour voir ce que vont devenir nos compagnons Hobbits, Elfe, Nain, et Homme...


Le film me plait bien plus.


De l'ouverture astucieuse pour préparer le retour de Gandalf à l'inoubliable siège de Helm's Deep, il foisonne des monuments cinématographiques qui font la force de Peter Jackson. A bien des moments je retrouve le filmeur-fou tant aimé.


Dramaturgiquement, la partie située dans le Rohan me parle davantage : les antagonistes ont eu le temps d'être présentés, je prends la menace de la gigantesque armée de Saruman plus au sérieux que les Neuf pauvres Ringwraiths de Sauron, et puis le design d'Edoras avec tous ces chevaux gravés partout est resplendissant...
De plus elle contient ma scène préférée de toute la trilogie : les funérailles de Theodred et la magnifique scène intimiste qui suit entre Theoden et Gandalf sur les tombes fleuries.


De son côté, Frodo rencontre Gollum, créature infographique pas toujours photoréaliste mais saisissante de véracité dans le panel d'émotions déployées. Et Jackson trouve les repères visuels les plus efficaces pour capter l'incessant combat intérieur entre Sméagol et Gollum.


Hélas, tout n'est pas rose...


Au beau milieu de tout ça surviennent les Ents. Vendus comme les Suisses-Ecolos de la terre du milieu, le développement de leur intrigue tourne au vinaigre et leur confère une salle mentalité d'Américains de merde.


"- Venez nous aider à guerroyer contre Saruman !
- Ooh non, nous les Ents on ne se soucie pas de ce genre de tempête : on attend qu'elle passe...
- Mais c'est important !
- Important pour vous, oui, mais nous on s'en branle.
( Y'a pas de pétrole... ) Mais puisque vous êtes sympathiques on va en discuter des jours durant... Boooogaah Booogaaah.... [Deux jours plus tard] Bon on a décidé de pas y aller à votre guerre à la noix !
- Vous êtes vraiment un tas de cons !
- Et on va vous reconduire à la frontière
( une autre habitude des Américains ! )"


Là dessus ils s'aperçoivent qu'il manque cinq stères de bois devant Isengard.
"- Mais il y avait là des amis à moi ! Rhhaaaàààââââ !!"


Et là, tous y viennent. Les mêmes qui ont passé deux jours à s'interdire de participer... Non mais quelle mentalité de merde ! En plus on se rend compte que s'ils s'étaient sortis les branches du cul plus tôt ils auraient pu mettre un terme aux agissements de Saruman et noyer ses douves en cinq minutes !
A ce sujet, l'architecte qui a fait bâtir Orthanc au bas d'une vallée d'où coule une rivière devait être bien fêlé de la carafe, lui aussi !


Du coup, toute la partie finale m'apparaît chiquée. Non pour servir un propos nauséeux sur les Américains, ça c'est un accident, mais pour que finalement tout se passe bien : Gandalf revient à la vie, Aragorn revient à cheval, Helm's Deep tient bon, Orthanc est inondée... L'excès de happy-end me surprend et à nouveau me choque... Comment craindre Sauron, et pourquoi souhaiter son trépas quand tout ce qu'il entreprend se pète la gueule ?


The Two Towers demeure mon préféré des trois Lord of the Rings, mais j'ai toujours à la fin ce sentiment d'inachevé. De taillé à l'emporte-pièce.


______________________________________


Appendice : un mot sur l'adaptation.


Alors que je ferme tout juste le bouquin je comprends mieux d'où me venait cette insatisfaction : Peter Jackson a fait l'erreur de croire que le climax du récit se situait à la victoire conjointe de Helm's Deep et Isengard. Or point du tout... Le climax émotionnel a bel et bien lieu lors de la confrontation avec Saruman et sa voix mélodieuse.
Quand il a décidé de l'inclure dans la version longue du Retour du Roi, Peter Jackson l'a expédiée en deux coups de pinceau, alors qu'elle est dans le livre un segment étrange et envoutant...


De plus la découverte du Palantír relance l'action vers une bataille à l'issue moins certaine. Et remettant à plus tard il se permet de fouiller un peu plus les personnages, surtout les filles, mais il se prive d'un final en bonne et due forme.


Pareil du côté de Frodo. Si l'équipe de scénaristes réussit le pari d'équilibrer les deux parties du livre, déplacer l'intervention de Shelob dans la deuxième partie du Retour du Roi va leur jouer de vilains tours... Mais nous détaillerons tout ceci une autre fois.


Et surtout, il a complètement niqué les Ents en pensant modifier légèrement les évènements... Comme les informations ne sont pas délivrées dans le même ordre, les Ents passent dans le film pour une bande de connards imbus d'eux-mêmes qui n'agissent que si leur intérêt entre en jeu, ou tout du moins est menacé. Dans le livre, Treebeard décide très tôt de mettre un terme aux agissements de Saruman qui a pété un câble, et le long conseil des Ents est un plaidoyer pour les convaincre de marcher vers Isengard !


Bon... Il y a quand même un détail que je préfère largement dans le film, c'est le personnage de Faramir... Son parcours est plus dense, ainsi. Car dans le livre il ne s'agit ni plus ni moins que d'un sympathique tenancier de Resto-Route, un peu bavard et très curieux ! Là, Peter a trouvé de quoi grandement étoffer, et pour moi ces changements sont les bienvenus.

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le 25 janv. 2013

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Mike Öpuvty

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