Survival classique mais efficace, "Le Territoire des loups", titre français de "the grey" (un spoil magnifique, bravo les gars de la traduction), raconte l'épique survie d'une poignée de rescapés en plein désert arctique, au fin fond de l'Alaska. Mais si ce n'était que ça... Nos malheureux vagabonds doivent faire face à d'improbables loups, à la force décuplée et à la voracité prodigieuse. Heureusement pour eux, ils ont Liam Neeson, comme d'habitude, surhomme de la bande, sans doute parce qu'il n'a rien à perdre: il a perdu sa femme, c'est un dur à cuire. Comme tout survival animalier, le film abonde en clichés: ici les loups sont d'immondes créatures: aucune invention, le mythe le plus vieux du monde est simplement réactualisé. Nous assistons donc, la peur au ventre (bien que tout soit prévisible), la mort de ces pauvres humains, trépassant l'un après l'autre aux assauts meurtriers des bêtes féroces et impitoyables. C'est le principe même du survival: la mort programmée de l'ensemble d'un groupe d'humains, à l'exception du héros, facilement identifiable au nombre de plans où il apparaît.
Derrière l'atmosphère angoissante, il y a cependant de très belles prises de vue: le paysage lunaire, le blizzard, les créatures mystiques (et mystifiées) sont remarquables et donnent au film une tonalité presque poétique. Une poésie glaciale, teintée de post-apocalypse, et versant dans une quête philosophique de l'acceptation, de la finitude humaine, dans les contrées désertiques, aux confins de l'Humanité. Les interactions entre les survivants sont assez basiques, voire triviales, et c'est finalement le silence qui donne au film sa puissance évocatrice, et au suspense toute son efficacité. La mise en scène est parfois poussive (avec des scènes exagérément longues), mais reste très efficace, au point de nous communiquer l'atmosphère glaçante qui règne cette Alaska hostile, et de relativiser à plus d'un titre sur la toute-puissance de l'être humain.