Il était une fois un grand frère qui habitait avec sa p’tite sœur dans un refuge…

Une bière s’il te plaît.
Merci. Quoi de neuf ? Ah. Ta femme t’a quitté. Je suis désolé pour toi… Ce n’est pas triste ? Ah d’accord. Tu sais ce qui n’est pas triste non plus ? Nan ok. Le Tombeau des Lucioles. Tu ne connais pas ? Ah. Bon. On fera avec. Je te précise tout-de-même, Herbert, que je ne dis pas qu’il est mauvais en tant que film, attention.


Si tu parles à des amis, à ta famille, de ce film et qu’ils l’ont vu ils te diront tous la même chose
« Tu vas pleurer comme jamais auparavant ! Et si tu ne pleures pas, tu n’as pas de coeur ! » Au moins, tu seras prévenu qu’il faudra pleurer pour dire que tu as un cœur.
Le film nous parle de l’été en 1945 au Japon, donc pendant… La Seconde Guerre mondiale ! Deux points pour les suce-boules au fond du bar. On suit l’histoire de Seita un ado de 14 ans, et de sa sœur Setsuko de 4 ans. Leur père est enrôlé dans les forces navales depuis plusieurs années donc il n’est pas là durant le film, les deux gugus vivent donc avec leur mère à Kōbe. A cette époque l’armée américaine réalise de leur bombardement à la bombe incendiaire dans cette ville.
La mère, n’a pas eu le temps de s’enfuir du gigantesque incendie. Elle est très gravement brûlée et mourra de ses blessures. A cause de ça, les deux enfants sont livré à eux-mêmes. Après avoir tenté de contacter leur père ils partent habiter chez une tante éloignée. Au début, elle était plus ou moins accueillante - sans vouloir te mentir Herbert j’ai jamais pu la saquer celle-la - mais qui, progressivement, traite les deux enfants comme des fardeaux, volant le peu de nourriture qu’ils ont et les traitant avec mépris.
De fait, Seita et Setsuko partent et se réfugient dans un ancien abri, hors de la ville, près d’un lac. La nuit, il est illuminé par des milliers de lucioles. Très vite, les problèmes s’enchaînent : la nourriture manque et Setsuko est victime d’une très grave anémie. Seita commence à voler de la nourriture, un jour il est surpris par un fermier qui le bat alors. Dans un presque-ultime désespoir il vide le compte bancaire de ses parents et apprend la capitulation du Japon et la destruction de toute la marine japonaise.
Lorsqu’il rentre à l’abri avec de la nourriture fraîche et de qualité, il ne réussit pas à sauver sa soeur qui agonise d’une mort lente et atroce. Après l’avoir incinérée et rangé ses os brûlés dans une boîte de bonbons qu’il avait offerte à sa soeur avant de quitter leur maison (bonbons qui furent le seul plaisir culinaire de Setsuko durant leurs mésaventures) Seita sans famille et raison de vivre, se laissera dépérir jusqu’à sa mort dans la gare qui sera le lieu de la seconde scène du film, avant un long flash-back.
Les deux esprits des enfants, réunis et paisibles, sans douleur ni haine, contemplent le Kōbe moderne.


Passons donc au film, en lui-même ! Pas la peine que je me retienne de dire ce que je pense, alors oui, tu pourrais me traiter d’insensible ce serait parfaitement logique. Mais laisse moi te dire une chose Herbert : j’ai pleuré devant Iron Man 3. Si ça c’est pas une preuve que j’ai un cœur ! Bref. Le Tombeau des Lucioles, est l’exemple parfait du tire-larme incapable d’être cohérent ou fin avec ce qu’il raconte.
C’est dommage parce que les quinze premières minutes sont absolument magnifiques !
Dévoilant à l’avance le destin de Seita sans ambiance musicale, avec une peau squelettique et vivant ses dernières respirations après la fin de la seconde guerre mondiale dans une pauvre gare, sous les regards des passants dégoûtés et horrifiés enfin sorti de l’atmosphère pesante, lourde, anxiogène qui va régner en maître tout le reste du film.


Et là… Patatrac ! Arrive la tante. C’est pas normal ça Herbert ! Tout simplement parce que la tante est censée être l’élément déclencheur des réelles mésaventures du film, mais il n’y a aucune transition précise entre le moment où la tante est gentille et où elle est sévère avec les protagonistes principaux au niveau de la nourriture.
La montrer froide et stricte à cause du manque de nourriture, des conditions de vie actuelle au Japon et du manque de moyen est une bonne idée ! Surtout pour responsabiliser Seita et Setsuko afin de gagner leur vie. Mais c’est très mal-mené et très mal amené. Ça nous tombe dessus comme un cheveux sur la soupe. Ou plutôt… Comme un pied dans notre verre. Ça arrive tellement brutalement qu’on ne sait pas pourquoi c’est là, pourquoi qu’ça existe, t’vois c’que j’veux dire Herbert ?


Surtout que Isao Takahata transforme Le Tombeau des Lucioles en un tire-larme très facile pour appâterle public déjà là depuis la première demi-heure. A commencer par les nombreuuuses allusions à la mère de Seita et Setsuko, et ça tout le temps avec un/une enfant retrouvant sa maman en arrière-plan. Pour nous rappeler avec un mégaphone QUE LEUR MÈRE EST DÉCÉDÉE. Chose que l’on sait déjà depuis une heure, c’est totalement inutile, et il aurait développé plus les personnages principaux qui n’ont pas beaucoup personnalité.
Ensuite, par le traitement foiré de Seita et Setsuko qui décident soudainement de se casser de chez leur tante pour vivre en indépendant. Hm. C’est un concept, mais une question : pourquoi putain POURQUOI ?! Quel gamin un temps soit peu logique ira vivre tout seul dans la nature à l’extérieur de la ville en pleine seconde guerre mondiale ?! QUI ? Oui ce ne sont que des enfants et qu’ils peuvent prendre des décisions parfois idiotes… Sauf qu’il y a un canyon entre une décision maladroite dont on finit par apprendre ses erreurs et le fait d’agir comme des gros cons.


Bon. Je pourrais continuer continuer comme sur ça sur trois paragraphes si j’en avais envie. Mais parlons de la malhonnêteté sentimentale d’Isao Takahata dans ce film.
Cette volonté malsaine de vouloir faire du sentimental. Cette même volonté que Pixar ou Disney gère beaucoup mieux, dans Le Tombeau des Lucioles c’est très mal géré mais à un point…. LA VACHE QUE C’EN EST GÊNANT. Je pense au moment où Setsuko a préparé ses “boulettes de riz” à la fin, ou même quand elle comprend qu'elle doit économiser ses bonbons. C’est étrange dis-donc, c’est toujours avec Setsuko. Etrange…


Il reste bien évidemment, de bon moments devant ce film, mais comme il y a ce vide narratif constant autour difficile de se laisser prendre par l’émotion.
A titre subjectif, j’ai terminé le film sur un énorme sentiment d’indifférence aucune peine pour les deux enfants qui ne sont au final pas très attachant. Putain... J’ai quand même réussi à m’attacher à la vache dans les Feebles...


Pourquoi est-ce que les lucioles meurent tellement vie ?

Perlman
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le 11 nov. 2019

Critique lue 287 fois

Perlman

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