J'ai adoré ce film : il met en en scène l'amour, le deuil, la fraternité, l'isolement et la solitude le tout dans une oeuvre touchante, pertinente et pleine de poésie.
D'une part, l'histoire dénonce des réalités rarement présentes au cinéma. On retrouve une multitude de films sur le thème de la guerre, la violence des combats, ou encore les grandes figures de résistance mais rares sont les œuvres centrées sur la vie des civils face aux bombardements, plus particulièrement celle des enfants. Je trouve très intéressant d'aborder la guerre dans le dessin animé. La contradiction entre l'aspect enfantin des images, l’innocence des personnages et la violence des bombardements nous donne une autre approche cinématographique davantage intime, plus sensible que sensationnelle.
Mais si l'idée de détourner les schémas classiques des films de guerre était bonne, au début de l'animé, j'appréhendais un peu le manque d'action, et une une intrigue trop prévisible. Au final, il est vrai que la trame narrative est assez simple, peu de fioritures, une seul intrigue. Il n'y a pas d'histoires secondaires et le film n'est pas excessivement dense. Mais avec du recul je trouve que c'est un excellent parti-prix. L'auteur a décidé de miser sur l'intensité des relations, pour toucher en profondeur le spectateur. D'ailleurs, si j'ai d'abord pensée que les personnages trop "parfaits", sans côté négatifs rendrait l'oeuvre enfantine, je me suis vite rendu compte que l’intérêt était dans les relations, et la situation qu'ils endurent ensemble. En effet, l'idylle qu'ils vivent lorsqu'ils décident de s'installer dans le refuge nous est montré pendant une vingtaine de minutes. On y voit une poésie par insouciance, l'amour indestructible qui les lie. La suite fait contraste avec cette idylle, la souffrance des personnages apparaît plus intense. C'est ce contraste qui produit de l'émotion et, sans les scènes de bonheur, de plénitude simple lié à des petits plaisirs je penses qu'il serait plus difficile de capter l'intensité des sentiments qui les animent. De plus, on retrouve une souffrance tant physique qui reflètent une réalité historique mais aussi psychique extrêmement bien retranscrite. Et le réalisateur ne s’embarrasse pas d'une "happy end" pour contrebalancer le tout et faire plaisir à son audience. Par exemple,
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lorsque Sensoku meurt on retrouve une scène rétrospective particulièrement intense: elle est seul au refuge, jouant toute seul à la marelle, se battant contre son reflet à pierre feuille papier ciseaux, mangeant des brochette de cailloux.
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L'auteur parvient à retransmettre la "folie" des deux enfants lié au manque de nourriture et à l'isolement pour la petite fille. Ils sont privés de contact avec l'enfance, avec la société, et n'ont que leurs amour pour s'en sortir.
Ensuite, comme pour la plupart des Ghibli on ne peut que relevé la beauté des images et la poésie qui règne en maître tout le long du film. J'aime l'opposition entre les paysages de guerres, les bombardements et l'univers dans lesquels se trouve le frère et la sœur. La tendresse qui les animent associé à des paysages de nature, un japon tantôt sombre, tantôt doux, coloré, onirique et en marge de la guerre. L'image des lucioles est, bien que enfantine et plutôt simple, très bien choisi. Cela ajoute encore une dimension magique, symbolise un espoir et renvoie à une certaine esthétique.
Mais alors pourquoi pas un 10/10 ? Par simple, comparaison avec mes animés préférées : (le château ambulant, le voyage de Chiiro) ou l'on retrouve la dimension étrange magique, humoristique dans des histoires tout aussi touchantes. Les personnages aurait pu être traité un peu plus en profondeurs et la "folie" (ou en tout cas l'épuisement physique et moral) qui surgit avec le manque de nourriture encore plus exploité. Cela aurait donné un aspect burlesque, étrange qui plonge le spectateur dans l’incompréhension et intensifie l'intrigue. Mais il ne s'agit que de petits bémols si vous avez l'occasion foncez !

AliceCloury
8
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le 9 févr. 2020

Critique lue 120 fois

Alice Cloury

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