Là où les mots ne suffisent plus
On m'a conseillé ce film, et à la seule lecture du résumé je me suis dit : "Super, un énième film sur la guerre et sur ses malheurs. Oh ? l'histoire d'une petite fille et de son frère qui...ok stop." Sentant venir le drame surannée, la surdose de pathos et le sentimentalisme exacerbé, j'ai préféré mettre ce film de côté.
On a insisté, j'ai cédé.
Aujourd'hui je n'imagine pas être passé à côté d'un tel chef d'œuvre.
Après avoir séché quelque larmes (en soit, c'est déjà un exploit), je me suis plongé dans le silence et me suis posé une question : "Pourquoi ?" et puis rapidement "comment ?"
Pourtant, la réponse me crevait les tympans : le silence. Elle m'est apparue lors de la lecture du livre de Nosaka Akiyuki d'où est tiré "Le tombeau des lucioles".
Là où les mots expriment une poésie, trop absente à mon goût, du film de Takahata, le silence de l'animation se répand comme une trainée de poudre...à canon. Il est omniprésent et tyrannique : il nous rend complice du crime de guerre qu'est la collaboration. En nous taisant, nous collaborons.
Mais alors, comment exprimer l'ineffable ? En se taisant.
On voit poindre toute l'ambiguïté de l'enjeu : se taire et magnifier l'indicible, ou dénoncer et perdre tout intérêt ? Takahata s'est tu.
Une merveille.