Eh bien voilà, fort de son succès surprise, "Le transporteur" premier du nom a fait des petits : à ce jour deux suites (dont celle-là), sans compter ni le reboot ni la série puisque Jason Statham ne fait pas partie de la distribution.
Evidemment, après un premier opus plaisant par l’entente complice qui régnait entre Statham et Berléand à laquelle on rajoute des combats novateurs, on attendait ici quelque chose de plus musclé. Ah ben oui, maintenant qu’on a fait connaissance avec Frank Martin et Tarconi, ça laisse le champ libre à l’action. Eh bien de ce point de vue-là, le spectateur ne peut être déçu car question action, il est servi ! On a grosso modo autant de combats rapprochés si ce n’est pas plus, et on a davantage de pétarades, et pas qu’un peu !


Mais alors, comment se fait-il que ce second épisode soit nettement moins bon que son aîné ? Eh bien c’est simple : trop d’invraisemblances, trop d’ellipses et trop de choses inexpliquées.
Commençons par les invraisemblances, et pour cela deux exemples parmi tant d’autres : pour le premier, comment expliquer que les balles puissent traverser les murs (ou presque) et pas une malheureuse porte ?


La porte transformée en bouclier après avoir été explosivement séparée de son châssis


Réponse : parce que le film serait aussitôt terminé. Pour le second exemple, je vous laisse seuls juges sur la façon de se débarrasser d’une bombe, et en plus sans bobo.
Poursuivons par les ellipses : elles sont préjudiciables dans le sens qu’on retrouve Frank Martin tantôt à un endroit sans qu’on sache comment il y est arrivé, puis tantôt à un autre par je ne sais quelle opération du Saint-Esprit. Pour exemple, à un moment on le voit subitement perché sur un ascenseur… "Le transporteur II" serait-il un savant mélange de "Le transporteur" et "Le Passe-muraille" ? Le fait est que ces manques interpellent et une brève incompréhension submerge l’esprit du spectateur. Autant dire que normalement, le film aurait gagné en qualité narrative s’il avait duré au moins une bonne quinzaine de minutes de plus.
Et enfin les choses inexpliquées : qu’est devenue Lai (Shu Qi), la jolie asiatique qui s’était amourachée de Frank Martin ? Là, je crois que nous ne le saurons jamais. Et puis pourquoi ce dernier est parti s’installer aux Etats-Unis ? Bon bah il fait ce qu’il veut après tout. Dans cette première suite, pourquoi les méchants vraiment très méchants en veulent-ils autant à Frank ? Certes leur motivation première est expliquée, et encore dans les grandes lignes, mais pourquoi c’est « encore mieux » qu’ils soient confrontés au chauffeur ? Mmmh ? Ben je vous le demande !... Ahhhh j’ai compris ! C’est un employé sans aucun lien de parenté, donc il doit être considéré comme inoffensif… Non ? Lol ! s’ils savaient… N’empêche que pendant ce temps, un flic français peut utiliser en toute impunité les logiciels d’un bureau de police américain, et ce avec la plus grande facilité du monde malgré ce qu’on a voulu nous faire croire. Trop fooooort !!!


Tout ça pour dire que le scénario a été écrit à la truelle, comme si les scénaristes s’étaient mis dans une situation d’urgence afin de ne pas perdre les spectateurs qui plébiscitèrent le premier opus, juste histoire d’exploiter sans tarder un filon qui s’annonçait particulièrement juteux.
Après, la castagne est là et reste impressionnante. La chorégraphie est soignée et les coups portés semblent réels. Là-dessus, il n’y a rien à redire. On retrouve même quelques éléments du film précédent (l’huile). En revanche, elles ne sont pas bien portées par la musique, bien moins enthousiasmante que dans l’épisode précédent. Est-ce parce que le compositeur Alexandre Azaria a travaillé cette fois tout seul ? Allez savoir…
Il n’empêche que le spectateur se voit privé d’un combat digne de ce nom entre le héros et son principal adversaire, alors qu’il avait été précédemment démontré que ce dernier possédait une grosse aptitude aux arts martiaux. Incompréhensible ! Alors on a quand même quelques miettes qui seront partagées dans le jet mais… comment dire ? tout est plombé par un ratage total de cette scène.
En effet, comment peut-on y croire une seule seconde quand on voit un jet suivre un parcours invisible de grand huit, d’autant plus que cet avion filmé de l’extérieur ressemble plus à une maquette qu’autre chose qu’on s’est appliqué à faire bouger très grossièrement dans tous les sens ? Et pour couronner le tout, les deux hommes défient toutes les lois de la physique liée à la gravitation universelle. Nul doute que le pauvre Newton s’en retournerait dans sa tombe autant que les deux hommes dans le jet.
Le fait est qu’Alessandro Gassmann dans la peau de Gianni se fait voler la vedette par Kate Nanta visiblement à fond dans son personnage complètement badass, certes aidée par une psychologie totalement décomplexée dont le look original s’en fait parfaitement la vitrine.
Donc oui, ce film a été bâclé. Mais curieusement, ça fonctionne suffisamment pour suivre les aventures de Frank Martin jusqu’au bout sans trop de mal, simplement parce que Jason Statham porte le film sur les épaules, certes bien soutenu par Kate Nanta, tandis qu’Amber Valletta réussit la prouesse à apporter un brin d’émotion dans cette débauche d’action. Cela a pour avantage de limiter la déception du spectateur, bien que ça fasse du bien de temps en temps de ne pas avoir à trop réfléchir. Même si je considère, et visiblement je ne suis pas le seul, qu’il faut tout de même un minimum.
De toute façon le plaisir de retrouver ce transporteur est bien réel. Ben oui, quoi qu’on en dise, on l’aime bien notre transporteur ! L’inspecteur Tarconi aussi, on l’aime bien, surtout en mode touriste qu'on repère à des kilomètres. Oh ! lala ! le look !


Chemise haute en couleurs, bermuda, nu-pieds et.... chaussettes, lançant par la même occasion un effet de mode bien des années plus tard.


Et quand en plus on nous facilite la tâche pour se remettre dans le bain par une entame similaire (ou presque) que le 1, à savoir un parking désert… Désert ? Presque ! Attention, le ton est rapidement donné… Un conseil, débranchez votre cerveau.

Stephenballade
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le 19 mai 2020

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