Une intrigue simple sans aucun truc et pourtant efficace.

C'est le premier film de Jacques Becker que je vois et je suis séduit. Pas de grands frissons, pas de pathétique, pas de péripéties spectaculaires, pas de musique mélodramatique, pas d'identification forte pour faire adhérer à la cause des candidats à l'évasion, pas de manichéisme avec de méchants gardiens ... Une grande simplicité de tournage et de moyens autour d'une intrigue qui pourrait être ennuyeuse car 2 heures pour un trou, c'est long: ça paraît mission impossible de faire un film avec seulement ça, sans ennuyer le spectateur mais voilà, une évasion, vu toutes les difficultés, les trésors d'inventivité, le cumul d'obstacles, les contretemps, les dangers ordinaires, toutes les conditions nécessaires, tout cela n'offre rien de spectaculaire mais on nous fait bien ressentir combien il faut être ingénieux et avoir les nerfs solides.
Rien qu'avec cela, sans aucun effet de manche, on rend la chose très intéressante.
Pas de concession: Au lieu d'une évasion cimentant la camaraderie des prisonniers, une trahison de dernière minute, due apparemment au hasard. Le quatre ont connu une double malchance:
1. Hériter de ce Gaspard, celui auquel on va plus aisément s'identifier: L'histoire commence avec son arrivée. De plus, il est Innocent vraisemblablement, si bien élevé et propre sur lui, partageur, pas vaniteux, un peu gauche, somme toute sympathique, racontant simplement ce qui l'a mené là et motivant naturellement son désir d'évasion ...
2. Cette incroyable malchance: La nouvelle d'un très probable non-lieu le jour même de l'évasion. Du coup on le voit réfléchir avec perplexité, sans qu'on sache ce qu'il en adviendra ... Après coup on sait, avec une surprise pas si grande, en somme, ce qu'il a décidé, le traître ... une trahison bien naturelle pour sauvegarder sa liberté: Logique mais aussi atroce quand on songe tout le mal que ce se sont donnés les quatre, quand on songe qu'à un jour près, c'était bon...