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Si Juge et hors la loi sera placé sous le signe d’une cohabitation entre ironie et mélancolie, ancré dans un style nouvel Hollywood, le vent de la plaine est un western lyrique, avec de grandes envolées, parfois trop grandes d’ailleurs.
Ainsi le film s’ouvre comme pourrait s’ouvrir la Mélodie du bonheur, avec la belle Audrey Hepburn qui sort d’une petite maison dans la prairie, avec un toit enherbé sur lequel broute une vache, et s’élance sur son cheval dans les prés alentours.
Le vent de la plaine et un film de chair et de sang. Où sont mis en difficulté et en question les liens de parenté, de famille, d’amitié. Un théâtre en trois groupes, trois familles, trois noyaux qui vont peu à peu s’autodétruire. Le film est en pente descendante, s’il s’ouvre, aérien, joyeux, insouciant : de la verdure, du vent, des plaines, des sourires et une vache qui broute sur un toit, il s’achèvera dans le sang et les flammes, avec cette image forte qui revient, celle de la vache sur le toit, mais avec une toute autre tonalité.
L’élément qui va déclencher toute cette fureur et semer la zizanie (c’est aussi la meilleure idée du film), c’est un vieux cavalier solitaire, fantomatique et un peu fou. Il va colporter l’idée selon laquelle Rachelle, Audrey Hepburn, serait en fait une indienne, qui aurait été autrefois kidnappé à son peuple par sa mère actuelle. C’est ce fait qui est à l’origine d’une haine mutuelle entre cette famille et les indiens Kiowas.
Il se dit que Huston trouvait ce film comme étant le moins bon de son œuvre, ne correspondant pas à ce qu’il avait en tête. C’est un peu vrai et un peu faux. Vrai, notamment car dans son idée de faire un film sur le racisme, anti-indien, et toute autres dérives sectaires, ce qui apparaît à l’écran est plus litigieux. Si les indiens ont un beau rôle sur le papier, un but de vengeance, certes, mais humain et compréhensif, à l’écran ils restent en hors champs, à l’affut, et considérés comme des bêtes sauvages sanguinaires. Et si le film veut faire ressortir les tords de chacun, Huston s’embrouille un peu dans la façon de filmer les évènements et est un peu maladroit dans sa manière de positionner la caméra et son point de vue. C’est ce point là qui me gène.
Car, par ailleurs, c’est un beau film, très beau formellement déjà, avec notamment une belle course-poursuite dans les paysages naturels, où Huston saisit magnifiquement l’espace.
Il est aussi un peu maladroit dans l’écriture des personnages, avec des excès un peu exagérés.
Mais, pour finir, il y à au milieu de tout ça une autre intrigue : la relation entre un frère et une sœur : Hepburn et Lancaster. Relation venimeuse, protection de grand frère ou véritable amour pour une sœur. Huston laisse distiller un parfum d’inceste, à la fois matérialisé et contredit lorsque Lancaster apprend que sa sœur n’est pas sa sœur, et qu’ils vont pouvoir vivre leur amour sereinement…
Teklow13
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le 12 nov. 2012

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