Grosse claque alors que je faisais découvrir le film à ma fille : quelle puissance graphique impérissable ! Le temps semble n'avoir aucune emprise sur la beauté de décors d'une richesse visuelle si dingue qu'on aurait envie de conserver chaque image pour en faire un tableau. La galerie de personnages atteint les mêmes sommets, Miyazaki parvenant à rendre naturellement acceptable que se côtoient à l'écran une petite fille gringalette et une grand-mère à la tête hypertrophiée. Sans parler des myriades de créatures dont l'étrangeté n’enlève rien au côté choupinou (aaah, ce totoro moustachu en slip ! Et je veux chez moi 3 têtes sautillantes !). La qualité de l'animation parachève le tout, point d'orgue atteint avec le dragon se déplacement comme une chandelle serpentine.
Le voyage de Chihiro se paie même le luxe de bien traiter son sujet de la séparation-individuation "adolescente" (car elle concerne autant Chihiro que le bébé de Yubaba, voire que Haku), avec un rôle socialisant fort accordé au travail (cf à ce sujet la vidéo de Bolchegeek sur le communisme chez Miyazaki) mais aussi de la problématique de l'insatiable désir dans lequel se perdent de nombreux personnages, en particulier le sans-visage, magnifique représentation de l'oralité dévorante visant un remplissage perpétuellement insatisfaisant.
Définitivement un des grands chefs d’œuvre de Ghibli.