Je reprends ici ma présentation de juin 2017 pour Parlons cinéma. Jean Poiret, acteur réputé, adapte le roman éponyme de M. Alexandre Jardin, pour en faire une tragicomédie tendre et acidulée. Hippolyte, sémillant notaire de province assumant pleinement sa part d’excentricité (M. Thierry Lhermitte), s’ébat comme un beau diable pour éviter absolument que son couple tombe dans la routine. Camille, son épouse aimante, professeure de lettres attentive et soucieuse de son autorité en classe (Mme Caroline Cellier), est touchée des attentions de son mari, qu’elle trouve toutefois inutile. Quant à leurs enfants, ils s’amusent des blagues de leur père, dont ils commencent doucement à se lasser.
Cela ne peut pas durer. Hippolyte monte un stratagème, par l’envoi de lettres d’amour anonymes sur papier safran à sa femme. Elle commence par croire qu’il s’agit de l’un de ses élèves qui ne cache pas être sous son charme. Puis, assaillie par le doute et la curiosité, elle finit par se rendre au rendez-vous de cet amant putatif, dans une chambre d’hôtel. Il lui conserve les yeux bandés pour conserver l’anonymat et surtout son désir intact. Il finit par se dévoiler. Furax, elle lui signifie que toute cette comédie s’avère inutile. Il finit par disparaître, des obsèques finissant par avoir lieu. Il a préféré partir, plutôt que voir s’évanouir son amour conjugal. C’est ce qu’il explique dans une cassette vidéo qui constitue son dernier témoignage à sa femme.
Le roman comme le film sont emprunts d’un romantisme éperdu, mêlant sentimentalisme échevelé et recherche de l’amour véritable, à entretenir constamment.
La philosophie générale du roman et de son adaptation fidèle s’avère assez belle, et son traitement doucement naïf, l’attirance pour l’enfance y aidant, de manière assumée. Ces deux œuvres adoptent un ton doux-amer en leur fin, et aimablement excentrique et drôle en son développement. L’idée d’entretenir l’amour coûte que coûte m’a touché, malgré le caractère improbable de certaines formes prises et de l’issue amère du film. Ces deux œuvres n’ont pu que plaire à l’adolescent un peu rêveur que j’étais, de surcroît dans son cinéma-fétiche, aujourd’hui fermé.
La mort de Jean Poiret juste avant la sortie du film en accentue quelque peu l’issue tragique.