En revoyant ce film, je m'aperçois encore une fois que la carrière de réalisateur de Michel Audiard fut beaucoup moins brillante que sa carrière de scénariste-dialoguiste. La preuve en est avec ce 4ème film de réalisateur, avec toujours le sens du titre à rallonge, c'est beaucoup moins réussi que son premier, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.
On y retrouve le petit monde cocasse d'Audiard, avec sa bande d'acteurs : Blier, Serrault, Dalban, Biraud, Zardi, Carmet, dont certains dans des rôles très courts, auxquels se joignent l'élégance de Paul Meurisse, Marion Game très sexy, et le tout jeune Depardieu alors débutant. Mais le ton est complètement décousu, sans queue ni tête, Audiard cultive l'absurde grand teint et plonge dans le loufoque le plus échevelé, c'est complètement farfelu, avec un manque flagrant de cohérence.
Après tout, c'est peut-être le but visé d'Audiard, comme à son habitude, il balance ses truands pour rire, ses minables marginaux qui servent de cible à son esprit caustique, des personnages sans consistance et ouvertement stéréotypés de façon à ce que le public ne puisse s'identifier afin d'en rire, il parsème son récit de gags pauvres, de ses plaisanteries macabres, et de son faux argot qui mêle répliques acerbes et pastiches du beau langage, encore que là, j'ai trouvé son réservoir de mots d'auteur assez avare.
Dans cette comédie policière parodique, il lâche en roue libre Serrault qui en fait des tonnes dans son rôle de cave minable, ainsi que Blier et Meurisse en caïds ridicules qui rivalisent dans la prestation irrésistible, mais sans faire mouche comme dans son premier film, le scénario n'a de toute façon guère d'importance, il s'agit d'une vague histoire de diamants planqués dans un veston après lequel court cette bande de margoulins. C'est farfelu en diable, c'est une vraie déconnade audiardesque, un jeu de massacre burlesque au ton délirant, mais pas très subtil.
A signaler un générique de début animé assez amusant, sur une musique gaie d'Eddie Vartan.

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le 2 sept. 2019

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