Ah, j'dis pas qu' Mich l'orateur, le fin ciseleur du verbe, est mauvais: notez que même la pire des crottes, il la changerait en or rien qu'à causer ! Non, j'dis pas qu'c'est pas un ténor, attention ! C't'énorrrme ce qu'il fait d'ordinaire: même et surtout quand les caves, amateurs de petites crétineries bien du temps présent, osent dire le contraire. Mich le Saint-Antoine pas doux, c't'un grand, un grand de grand ! Mais, là, faut avouer que le verbe est un peu pauvre, à part quelques épiphanies ... souvent mal justifiées, dirait un prote numérique. Non, c'est moche, les coups d'pompe: Mich l'causeur se fait Mich l'harangueur, le hâbleur, le publicitaire de fin d'semaine. C'est pas moche, c'est triste. C't'un coup de pompe ... au cul qui lui faudrait là !
Encore que, à y bien réfléchir - oui, ça m'arrive, permettez ! - le plus triste, c'est p't-être bien d'vieillir. J'explique.
On a là toute la smala, toute la Sagrada Familia, tout l' Panthéon des grands pontes du genre et que'ques invités d'marques: Paulo dit Le Monocle, Nanard alias Raoul, Maumau Biraud dit Tobrouk à Pantin, Bébert dit Poussin dit "Yes Sir", Dodo Zardi, Marion qui fait ses Game(s), Jean Carmet-ça, Carlos dit Papayou-Killer, Moustache dit le non-glabre, Yves "Gros haubert" alias Flicodrome, Zaza c't'haro-sur-le-baudet en vedette américaine (ou stambouliote), Modo simple flic et Romain qui a plus de bouteille que lui (au propre comme au figuré), sans oublier dans tout ce joyeux Barsacq qu'à Lumont, (on donne) le feu. Dromard ne retrouve pas Poussin, qui a mal vieilli, ni Biraud, rangé dans sa voiture: l'Oeil du Monocle, c'est tout juste un coup de flingue dans l'iris d'une statue par-dessus l'épaule de Paulo. Paulo retrouve le Nanard du Monocle Noir, les deux pérorent à faire jouir mais, verbeux, semblent ailleurs. D'ailleurs, les deux ont pris de l'âge, et c'est ça qu'est triste. Reste qu'y a Gégé, mode Morzini plutôt que mode Obélix, dans un inattendu mais sympathique duo avec Meurisse: pittoresque, non ? Ah, c'est sûr, c'est pas Hérisson Fort ou Scum Connerie, mais ça dépote quand même !
Certains décérébrés congénitaux, boursoufflés d'inculture, adeptes de l'anti-lapalissade réactionnaire de droite, gémiront contre le passage consacré à la minorité mélaninesque, oubliant que Mich le peintre de fresques cosmopolites a pu tapisser ses précédents ouvrages comme ceux de son ami Laulau le flingueur d'Argus asiatiques, de facétieux germaniques, de flegmatiques et colorés British ou de belles blondes volontairement stéréotypées. Pour une fois qu'y donne dans la Blaque-spautation, ça grogne, ça geint ! Bande de sapajous, va ! N'est-il pas plus raciste celui qui efface le noir que celui qui le peint ? Voilà un mystère de plusieurs Chinelles, de boules de gomme, de la poudre de perle, hein Peint-Peint ?
Vise le hic:
C'est bien vide quoique drôle, c'est bien drôle quoique délicieusement crétin. Mais ça s'donne un genre, ça joue les importants, les philosophes hermétiques drapés d'esprit et de ris. Bref, ça a des airs de Weber. Le cinéaste, pas le compositeur. Un scénario inconsistant tissé autour de belles répliques et de quelques bons gags qui tablent sur le sens caché du titre: le fameux cri du cormoran le soir au-dessus des jonques.
Car quid, en effet, de ce cri animal ?
Une métaphore, une périphrase de l'orgueil.
Or, se moquer de l'orgueil avec orgueil, n'est-ce pas un rien stupide ?
D'où notre problématique afin de conclure:
Dans quelle mesure pousser le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques peut revenir à pousser un chant du cygne ?