(1967. Le Jour De La Haine ; ITA : Per 100 000 Dollari, T'Ammazo (Pour 100 000 Dollars, je te tue. Vu en VO.S.T., éditions Artus
Comme de nombreux films italiens de genre, le doublage français est détestable …)

Fin de la Guerre de Sécession, les troupes sudistes fuient face à l’avancée des tuniques bleues nordistes, cela déclenchant un exode de la population laissant derrière eux des villages déserts et balayés par le vent, on songe ici d’ailleurs au village empesté de Keomahttps://www.senscritique.com/film/Keoma/critique/232258758
C’est dans ce contexte que Johnny Forrest (Gianni Garko), chasseur de primes, retombe sur la trace de son frère, Clint Forrest (Claudio Camaso), déserteur de l’armée sudiste recherché par les autorités. Mais Johnny le recherche pour une autre raison, en effet Clint a tué leur père et la faute est retombée sur lui, « coupable » de n’être qu’un bâtard, un fils illégitime… Accomplira-t-il sa vengeance ou le dernier souhait de sa mère, laisser Clint en vie, prendra-t-il le dessus ?
Abel et Caïn au Far-West ! Voici en gros, ce que nous propose Giovanni Fago, réalisateur du sympathique O’Cangaceiro en 1970, dans ce western qui par bien des aspects, cultive sa différence au sein d’un genre protéiforme. Western-mélo, ai-je lu quelque part. Effectivement, en dehors du meurtre du père, la principale raison de la haine de Garko envers son frangin, est la perte de sa bien-aimée (jouée par la sublime Susanna Martinkova, femme de Garko à la vie, et aperçue aussi dans Django Ne Prie Pas, toujours avec son mari) qui n’a pas su l’attendre. Les forts jolis flashbacks au bord de la plage, magnifiés par la B.O. de Nora Orlandi, donnent ainsi un aspect « guimauve » inhabituel dans ce genre. La présence de la non moins jolie Claudie Lange, en amante compréhensive cherchant à le consoler, est aussi là pour nous rappeler que notre Gianni ne tire pas qu’avec ses balles !
Néanmoins, il serait peu judicieux de réduire Le Jour De La Haine à son côté fleur bleue ! Il s’agit bien d’un film sérieux, sérieux totalement évacué dans la VF au passage, malgré quelques scènes comiques avec un sheriff alcoolo créateur du cocktail Molotov (!) et lors des querelles entre frangins.
Indéniablement, et comme souvent dans ce genre, la musique devient rapidement un personnage important. Nora Orlandi (L’Etrange Vice De Mme Wardh, Le Temps Des Vautours, Johnny Yuma…) signe en effet une belle B.O. mélancolique et tragique. Car c’est bien une tragédie que Fago met en scène, le tout sur fond de western et de Guerre de Sécession. La mort du père, le rejet d’un frère car illégitime, les femmes de Garko disparues ou tuées, la lâcheté de Camaso… Les deux frères ennemis finiront par s’entretuer en finissant dans les bras l’un de l’autre lors d’un final réussi, en forme de jugement dernier. Le problème, c’est que si Fago dirige plutôt bien ses acteurs et sait instiller son style, il est bien moins performant sur les scènes d’action, en particulier. (malgré toutefois une jolie scène de pendaison, clin d'œil à Navajo Joe) Les décors sont aussi « pauvres » mais réussis, et la vision de villages abandonnés au vent laissent de bien belles images dans la rétine. Les personnages, les frères en particulier, sont beaux et sales, traînant leurs carcasses déglinguées dans le désert de Tabernas.
Il est à noter que Le Jour De La Haine, est à rapprocher d’un autre western tourné la même année et avec à peu près la même équipe, Le Temps Des Vautours, (Luciano Martino à la production, Sancho, Garko et Camaso en acteurs, Nora Orlandi à la musique) ainsi que de Les Colts De La Violence sorti peu après, avec le même thème de la fraternité, et un Garko en grande forme et dans un rôle inverse.
Niveau casting, Claudio Volonté-Camaso confirme un certain talent, dommage qu’il fut si rare et mourra précocement de façon tragique. Je ne l’ai vu que dans Le Temps Des Vautours, La Baie Sanglante et Faccia Di Spia (où il joue le Che !). Fernando Sancho ( https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_18_Fernando_Sancho/2878278) fait ici une brève mais savoureuse apparition, comme Piero Lulli, habitué des films de genre transalpins. Le duo de sales gueules joué par Bruno Corazzari (https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_21_Bruno_Corazzari/2885558) et Carlo Gaddi, remplit parfaitement son rôle. Les deux acteurs ont derrière eux une belle carrière de seconds couteaux, ayant joué dans des Corbucci, Leone, Damiani ou Argento.
Bref, s’il s’agit d’un film mineur du western à l’italienne, il mérite cependant le coup d’œil car bien plus original qu’il n’y paraît.
En bonus, un petit florilège de la magnifique musique de Nora Orlandi :
https://www.youtube.com/watch?v=VT1y5dBAAlk
https://www.youtube.com/watch?v=vMsk767XBLU
https://www.youtube.com/watch?v=GgVrMFrQl7I

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le 2 nov. 2020

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