Un énième remake indigne de ce nom

[Cette critique contient des spoilers]
A croire qu'on n'en finira jamais de voir des Massacre à la Tronçonneuse !
Il y a environ deux semaines je suis allée (re)voir le premier au cinéma, et il n'y a pas à dire aucun des remakes, prequel ou je ne sais quoi ne l'égal. Je pense qu'il y a surtout une volonté de surfer sur la notoriété du film et en l'espèce du mythique Leatherface.

Un prequel sur son adolescence aurait vraiment pu être intéressant (même s'il est clair qu'en 2017 il ne faut pas attendre plus que du gore d'un film pareil) justement le film s'éloigne du côté psychologique du premier pour ne livrer que du gore et du sexe, en bref la simplicité pour vendre. En effet, malgré sa réputation erronée et son titre, Massacre à la tronçonneuse est loin d'être visuellement le film le plus violent, on n'y voit rien d'explicite, et c'est là également sa richesse : il s'attarde sur d'autres détails pour atteindre le spectateur.
Je pense que j'aurai été moins sévère s'il n'était pas question ici de salir le film d'Hooper qui quant à lui voulait faire passer un message et avait réussi à dépeindre un personnage beaucoup plus complet et complexe sans dialogue et en seulement 1h20.
Justement, Leatherface est un personnage sensible, maladroit, c'est un enfant en quelque sorte et surtout il est toujours dans l'ombre, en retrait. Quand il voit arriver les "gentils" il est troublé et a l'air d'avoir autant "peur" qu'eux. Ici "Jackson" est un bel homme plein d'assurance, réfléchi et toujours mis en avant. Il perd tout ce mystère qui rend son personnage intéressant car paradoxal.
Il est clair que les réalisateurs ont voulu coûte que coûte nous accoucher un twist final pour apporter de la consistance au film. Pour cela ce n'est pas compliqué, ils ont imaginé, après avoir visionné le film original, comment aurait pu être Leatherface durant son adolescence et ils nous ont pondu Bud. Puis ils se sont dit que le film n'avait pas trop d'intérêt, qu'il serait surement que descriptif et ils ont alors voulu nous surprendre en allant aux antipodes de la personnalité de notre protagoniste.

Aussi, un élément m'a vraiment gênée : la famille est censée être anthropophage il me semble, fin c'est un petit peu la base du film original. Ici non, la famille donne les cadavres aux cochons, donc en gros ils tuent pour nourrir leur bétail c'est original et le risque bien trop grand.

Enfin, il m'aurait semblé plus pertinent de s'inspirer davantage d'Ed Gein qui a commencé son entreprise de collecte de peau humaine après la mort de sa mère. La mère est donc un personnage clef, elle est d'ailleurs absente du film original et cela ne semble pas sans raison. Dans ce prequel la mère est seulement une psychopathe qui force son fils à tuer des innocents pour les donner à manger aux cochons. On dirait qu'elle a vu elle aussi le film d'Hooper et veut que son fils devienne le nouveau Leatherface. Je pense qu'il aurait été préférable de nous présenter l'inverse, il aurait dû avoir une relation plus forte avec sa mère (parce que bon là sa mort apparaît plus comme une libération, on voit bien que tout le film il n'a pas envie de rentrer chez lui).

Même si ce dernier n'a pas la carrure, son profil psychologique ne colle pas du tout et c'est pourtant l'élément central du film.
En somme, le film fait totalement tâche (mais bon ça reste dans la tradition des malheureuses suites de Massacre à la tronçonneuse, pour ce que j'ai pu en voir, même le 2 n'avait pas respecté la psychologie du personnage et était tombé dans la simplicité).
Le film n'est pas catastrophique j'ai passé un bon moment mais souvent gâché par des défauts irritants.