Intrigué par les louanges adressées à son égard, c'est avec déception que nous ressortons de ce Leave no trace, tant par son amateurisme que par le point de vue condescendant de Debra Granik dont le discours manque sauvagement de nuance.


Comment ne pas voir ce qui saute aux yeux dès les premières minutes? Leave no trace relève du film de jeune cinéaste (bien que Granik ait déjà plus de 50 ans) plus proche de l'amateurisme que du ciné indépendant, comme le démontre l'usage de la caméra, la quasi absence de mise en scène, le jeu plutôt plat des acteurs (quelques larmes et autres tremblements de lèvres n'y changent pas grand chose), les dialogues assez creux et parfois même d'une banalité affligeante, la vacuité du scénario, le rythme imprécis, les ellipses trop nombreuses du récit, la psychologie bancale des personnages ou encore le discours simplet et romantique (romantique comme pouvait l’être un Lamartine en littérature ou Friedrich en peinture).


En outre, alors que cette mise à l'écart du monde devrait inspirer sagesse et mesure, elle devient vite outrecuidance et misanthropie. C'est en effet ce que traduit le point de vue condescendant de la cinéaste, regardant de haut un système, qui certes a ses failles (et elles sont nombreuses), mais dont elle ne montre que l'absurdité (la taille des sapins, les tests psychologiques, ...) et le ridicule (la danse des voiles à l'église, les aliments préparés, ...) . La construction en dialectique du scénario (1- la vie isolée; 2- la vie en société; 3- la vie dans un groupe isolé) aurait du pourtant desservir un discours plus nuancé, moins radical et grossier (du genre «y en a marre du système»), mais rien n'en est.


Au final, un film passablement raté, ennuyeux et caricatural.

Marlon_B
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le 28 oct. 2018

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Marlon_B

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