Une grande évasion sans l'ombre d'une fausse tache

Pour un film transitoire un peu plus mineur, "Les 101 Dalmatiens" a laissé sa patte dans la mémoire collective. Bien sûr, nous sommes toujours aussi sensibles à la présence de chiens sur grand écran, mais ce film possède des qualités indéniables au-delà de son aspect adorable.


Déjà sa musique, tellement distinctive comme souvent dans les Disney, et qui ici construit véritablement l'identité du film. La chanson "Cruelle diablesse", parfaite introduction à une des grandes méchantes du studio (en tout cas celle avec le plan le plus démoniaque), ainsi que la musique des crédits de début, sans compter celle de la poursuite finale qui nous met parfaitement la pression.
La musique tient toujours une place significative dans ces grands classiques - même en dehors des musicaux façon "Le Bossu de Notre-Dame" ou "Aladdin" - et "Les 101 Dalmatiens" ne déroge pas à cette grande tradition.


En dehors de ce rythme jazzy excellent, le film s'en sort bien en termes de rythme narratif également. Si l'histoire s'avère assez linéaire et sans surprises, la tension narrative est bien gérée et on ne s'ennuie jamais. D'un peu de comédie au début de l'histoire, on passe à une vie de famille tranquille avant la tragédie, le sauvetage, jusqu'à la fuite désespérée et la fin heureuse dans le meilleur des mondes. Tous les éléments d'une grande aventure familiale de qualité.
La scène d'infiltration jusqu'au camion se montre même plutôt intense, avec la présence oppressante de l'horrible Cruella d'Enfer.


En parlant d'elle, si cette affreuse mégère impressionne par son caractère irascible et son design de sorcière aristocratique - sans parler de son abominable projet de faire des manteaux de ces adorables chiots -, elle dénote néanmoins un peu par sa stupidité, son impulsivité et sa tendance à l'auto-destruction, ce qui lui enlève un peu de sa prestance. Des méchantes comme Ursula ou Maléfique possèdent une dignité maléfique propre à chacune et elle dégage un vrai charisme qui agit en toute circonstance, là où Cruella perd de sa présence une fois qu'on devient adulte et qu'on se rend compte à quel point elle est surtout mesquine et ridicule. Surtout quand on la voit interagir avec la paire Jasper et Horace, qui sont juste des hommes de mains basiques, méchants et niais.


On apprécie par contre toujours autant les protagonistes, principaux comme secondaires. Le Colonel par exemple montre une adorable bonhomie (en même temps c'est un bobtail donc forcément adorable), ainsi que le Sergent, chat valeureux qui a tout donné pour tirer les 99 chiots des griffes de ces horribles monstres cupides et sans coeur. Si Pongo est clairement placé comme le leader, Perdita sait aussi s'illustrer malgré qu'elle soit un peu plus en retrait. Un peu comme dans le couple Roger/Anita. La dynamique entre tous ces personnages (humains comme chiens) fonctionne plutôt bien et apporte une balance bienvenue dans l'histoire.


À un niveau graphique, si Disney revient à une forme de simplicité tout en s'essayant à quelques nouvelles techniques d'animation, il se dégage toujours une maîtrise impressionnante, et ce film n'a pas du tout à rougir en comparaison des autres grands classiques. Toujours dans cette volonté de se démarquer et d'imposes ses standards de qualité, on trouve un vrai charme qui en fait plus qu'un morceau de l'histoire mais un vraie bonne oeuvre à part entière.


J'ai été surprise en regardant à nouveau "Les 101 Dalmatiens". Je ne m'attendais pas à l'apprécier autant, et je m'étais préparée à y voir davantage de défauts. Et pourtant, malgré une image diminuée de Cruella, j'en retiens surtout un très bon rythme musical, d'excellents moments de tension et de comédie, une très belle cohérence graphique ainsi que plein de personnages attachants. D'où tout l'intérêt de revisiter les classiques de son enfance avec un regard neuf et ouvert à l'émerveillement.

Créée

le 22 août 2019

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Therru_babayaga

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