L'important c'est d'avoir essayé.

Si je suis allé voir ce film c'est uniquement grâce à la critique de Strangelove, qui m'a vendu le meilleur nanar de l'année 2015. Au final je me demande sérieusement ce que lui et les sens-critiqueurs avec lesquels il a revu le film ont bien pu sniffer pour se marrer autant. Je veux dire, mise à part la toute dernière scène (qui est pour le coup affreusement ridicule) il n'y a absolument pas de quoi se bidonner devant ce film. Non, à la place on a un petit blockbuster avec certes pas mal de défauts, mais dont on sent également une volonté de bien faire et de se démarquer du troupeau de Marvels movies qui pullulent sur nos écrans depuis 7 ans. C'est pourquoi il mérite selon moi qu'on s'y attarde un peu plus sérieusement.

Parce que oui, plutôt que de faire un divertissement con et simpliste où des gentils en costumes tabassent des méchants pas beau pour sauver le monde, ce à quoi nous a habitué la totalité des derniers Marvels y compris X-Men : Days of Future Past, Josh Trank a préféré réaliser un film plus sombre, centré exclusivement sur les personnages et leur évolution au cours du récit. Le but du film n'est donc pas de filmer des supers-héros se battant contre un vilain surpuissant mais de raconter comment un groupe de jeunes vont être mêlés de près ou de loin à une expérience qui va modifier considérablement leur organisme, puis de montrer comment chacun réagit à ces changements, comment l'armée vont les utiliser à leur avantage comme une machine de guerre, et comment ils vont en fin de film, utiliser leurs pouvoirs pour vaincre un ennemi que seuls eux sont capables de vaincre. Acceptant ainsi sans se le dire, leur destiné.

L'objectif est donc de raconter l'évolution de personnages amenés à devenir de véritables supers-héros, le tout traité avec sérieux et réalisme, à mille lieu de l'ambiance entre deux souvent foirée des autres films de l'écurie Marvel. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi Trank a accepté le projet. En effet, le réalisateur avait auparavant écrit et réalisé Chronicle. Petit film tourné en Found Footage et racontant l'évolution de trois ados ayant acquis des supers pouvoirs. Ce film avait la particularité de tout miser sur la relation entre les personnages et leurs développements, ainsi il a manifestement voulu réitérer la même chose en prenant pour base l'univers et les personnages du comics afin de se concentrer sur d'autres types d'adolescents. Dans les faits c'est une bonne idée quand on veut faire le premier film d'une nouvelle franchise. Apprendre à connaître nos héros, s'intéresser en détails sur comment ils sont devenus ce qu'ils sont et laisser ensuite le soin aux autres films de raconter leur vie de justiciers. Seulement voilà, même si les intentions sont louables, le résultat n'est pas très concluant.

D'abord certes c'est bien filmé, bien rythmé de sorte à ce qu'on soit prit dans l'histoire et certaines scènes sont plutôt efficaces comme celle où les 4 Fantastiques tentent tant bien que mal de regagner leur monde quand tout autour d'eux est entrain de s’effondrer. Cependant la mise en scène reste des plus convenues. Absolument aucune pâte créative, ni aucune originalité ne s'en dégage. C'est très académique, voire même assez plan-plan. Dommage mais en même temps ce n'est que le deuxième film de Josh Trank qui ne possède pas encore suffisamment d'expérience pour composer des plans un peu plus audacieux et créatifs et si son précédent film avait un concept lui permettant d'avoir un rendu assez original, ici le cadre du film le confine dans une réalisation plus que simpliste. Bon ce n'est cela dit pas un défaut majeur puisque, comme je l'ai dis tout à l'heure, l'intrigue repose essentiellement sur des dialogues et des interactions entre les personnages. L'ennuie c'est que là aussi c'est loin d'être parfait.

En effet, bien que je ne me suis pas ennuyé et que j'ai été assez pris dans ce qu'on me racontait, je reconnais quand même que le scénario est très mal dosé. On passe énormément de temps à faire de l'exposition, à expliquer la mission, à expliquer comment marche la machine et à assister à sa fabrication longue et minutieuse. Tant et si bien qu'il nous faut attendre plus de la moitié du film pour que nos héros subissent leurs mutations génétiques. Alors qu'on soit bien clair, que le film choisissent de prendre son temps ce n'est pas un défaut en soit, surtout quand de plus en plus de film bâclent leur exposition pour nous faire rentrer trop rapidement dans l'action (coucou Mad Max !). Mais prendre autant de temps pour au final raconter si peu, à quoi bon ? En plus pendant ce temps nos personnages ne sont guère bien développés. Certes tous ont bien été introduits, on sait qui ils sont, on connaît leurs passés, leurs personnalités et leurs motivations mais voilà ces mecs sont tellement stéréotypés et si peu développés qu'il est très difficile de s'y attacher véritablement. De plus les relations entre les protagonistes sont complètement foirées. Red, Johnny et Victor n'ont quasiment aucune interaction entre eux. Le film tente également de créer une tension amoureuse entre Red et Susan de la manière la plus conne et forcée qui soit, sans compter ce triangle amoureux débile entre Red, Susan et Victor qui ne sert à rien et qui a juste été mit là pour rester fidèle à un point très dispensable du comics original. La seule relation crédible elle l’amitié unissant Red et Ben. Gros atout parce que justement il y avait matière à développer quelque chose d'intéressant dans cette relation une fois que Ben se retrouve transformer en monstre par la faute de Red. Seulement cette thématique est à peine survolée, comme 90% de toutes celles contenues dans le film.

Bref après ce très long moment pas franchement palpitant. Nos héros reviennent donc de leur dimension parallèle avec de graves séquelles. Et là le film fait quelque chose de très intéressant et rarement vu ailleurs dans les films de super-héros. Il traite la découverte des pouvoirs de façon réaliste. On voit des personnes vraiment effrayés par ce qu'ils sont devenus, dans l'incapacité de contrôler leurs corps et de réagir à la situation dans laquelle ils se trouvent. Tout est fait pour appuyer le malaise et l'horreur de ceux qu'ils sont devenus. On les filme comme d’authentiques soldats gravement défigurés au combat et je trouve ça diablement intelligent. Quel dommage donc qu'on est si peu d'attachement pour les personnages, cette séquence aurait d'autant plus d'impact si ça avait été le cas.

S'en suit une longue éclipse de 1 an durant laquelle on apprend que nos protagonistes ont su apprivoiser leurs nouvelles capacités et que deux d'entre eux ont été réquisitionnés par l'armée pour mener des frappes chirurgicales au Moyen-Orient. On a ensuite un petit commentaire sur le fait que voilà se servir d'humains comme des machines de guerre c'est pas bien oulalal, mais c'est à peine survolé et ça n'a jamais vocation à être davantage approfondi. Idem pour la psychologie des personnages. On voit que plusieurs points de vue s'opposent entre Ben et Susan qui veulent redevenir des êtres humains normaux et Johnny qui se sent afin pleinement épanouie comme il est. Ce point scénaristique est à peine effleuré lui aussi. A la place on a droit au retour d'un perso qu'on croyait décédé qui va devenir le méchant parce que c'est cool le mal, nos quatre héros vont le terrasser aussi rapidement qu'il est apparu, bim bada boom cheabab boom blop wiiiiiiiiiis. Emballé c'est peser. The End, nom du film en gros plan. Générique de fin, séquence post-générique et merci au revoir. Non je décooooooone......Y'a pas de scène post-générique dans celui-là. Pas de caméo de Stan Lee non plus d'ailleurs.

Voilà vous aurez compris où je veux en venir. Après une première partie excessivement longue pour ce qu'elle raconte, le film bâcle sa partie la plus intéressante, ne fait qu'effleurer les thématiques qui méritaient d'être mis en avant et ne propose qu'un combat final au ras des pâquerettes en guise de conclusion. Ce qui fait qu'on reste cruellement sur notre faim. Encore une fois si Josh Trank avait réussi ses intentions de base, on aurait pu avoir un bon film. Malheureusement il foire ce qui aurait dû être le cœur de son film, les personnages.

Je ne sais pas trop à quoi c'est dû. D'après ce que j'ai lu, le réalisateur renie lui-même son propre film, apparemment la Fox lui a mit des bâtons dans les roues et a tout fait pour rendre le film de plus en plus merdique. Dommage, mais t'en fais pas Josh, l'important c'est d'avoir essayé.

PS: Sinon messieurs de la VF, NON Donald Reigoux n'a pas une voix badasse et en la trafiquant numériquement pour rendez sa prestation vocale de La Chose encore plus ridicule.