Les 4 fantastiques sont-ils inadaptables sur grand écran ? Souffrent-ils du syndrome Hulk ? La question se pose avec cette nouvelle version, aussi décevante que celle de 1994 (qu'on a tous effacé de nos mémoires, pour le bien de nos neurones), comme celles de 2005 et 2007, dont le seul talent est d'être un somnifère particulièrement efficace.
Les blockbusters estivaux continuent de décevoir cette année. Le manque flagrant d'originalité a été maintes fois pointées du doigt, avec des suites, reboots où adaptations sans saveur,dont la seule ambition est de vendre du pop-corn, tout en faisant office de panneaux publicitaires avec de multiples gros plans des divers marques investissant dans le projet. Les 4 fantastiques ne déroge pas à la règle, Ant-Man a survécu au départ d'Edgar Wright, en évitant de se prendre trop au sérieux, au contraire de celui-ci. Conflit entre le réalisateur et le studio ? Il semblerait que cela soit le cas, cela expliquerait le décalage entre la première partie que je qualifierai de "normale" et la seconde dite "anormale".
Le film est intéressant au début, la mise en place lorgne du côté d'Explorers. Le réalisateur Josh Trank prend des libertés avec l'histoire originale des comics, en développant une belle amitié entre Reed Richards (Miles Teller) et Ben Grimm (Jamie Bell), qui trouve ses racines dans l'enfance. Ils se sentent incompris, avec en point commun, l'absence du père. Le duo fonctionne très bien, ils sont attachants et drôles.
Au contraire, l'introduction de Sue Storm (Kate Mara), mais surtout de Johnny Storm (Michael B. Jordan) sont à l'image de leurs personnages, superficielle. Ce dernier est le pseudo-rebelle, le moins stable du quatuor, alors que son père est toujours présent dans sa vie, en l'occurence le Dr Franklin Storm (Reg E. Cathey). Sue est sa sœur adoptive, cela explique leur légère différence de pigmentation. Ils ont chacun un parent absent dans leurs vies et/ou un souci avec leurs frères et sœurs, ce "handicap" va se révéler être une force, en s'unissant face à l'ennemi.
L'ambition du début semblait être une bonne idée, malgré la première apparition théâtrale du Dr Fatalis (Toby Kebbell), annonciatrice du désastre à venir. Dès que le film se prend au sérieux, il perd de son intérêt en voulant remplir le cahier des charges. On sourit des vannes à base d'Adolf et Borat de Johnny envers Fatalis, mais aussi des effets spéciaux. L'abandon de la 3D à l'approche de la sortie du film, dessert la Torche, comme le Dr Fatalis, décidément ces deux personnages semblent lier dans la médiocrité. Le second est absolument dégueulasse visuellement, cela en devient gênant, surtout que le jeu outrancier de Toby Kebbell ne l'aide pas à s'imposer, même s'il offre un peu de bonheur en explosant des têtes.
L'amitié aperçue au début entre Reed Richards et Ben Grimm, se perd en cours de route. Les 4 fantastiques ne font pas vraiment preuve de complicité et les effets dramatiques sont des plus poussifs. L'apparition des pouvoirs fait disparaître le scénario, cela devient des plus simpliste et ennuyeux. Josh Trank a perdu le contrôle du film, ses acteurs semblent perdus, à l'image de Miles Teller dont les réparties sont d'une platitude navrante, mais il donne surtout l'impression de ne plus croire aux événements se déroulant devant nos yeux pas du tout ébahis. Tim Blake Nelson est au niveau de Toby Kebbell, en se contentant de mâchouiller son chewing-gum, sa joue ou de la chique ? Peu importe, il est aussi énervant que son cadet. Kate Mara aussi fade que Jessica Alba, tout comme Michael B. Jordan devant se débattre avec un rôle sans profondeur.
C'est impressionnant de voir le film s'effondrer à ce point en cours de route, comme s'il y avait deux réalisateurs, monteurs ou studios. Dr Trank et Mister Fox ? On pourra se poser longuement la question sur le sujet, mais quoiqu'il en soit, le résultat est catastrophique. En dehors des personnages de Reed Richards et Ben Grimm, les autres font office de faire-valoir, avant d'être rejoints par les deux premiers et de donner l'impression d'être devant un brouillon, ayant besoin d'être affiné pour devenir cohérent.
On s'ennuie ferme devant ce nouveau désastre estival. Le temps semble long, surtout dans la seconde partie et le peu d'ambition aperçue au début, disparaît au profit du néant. Comme les versions précédentes, un reset est préférable pour oublier ce mauvais moment.