Ant-Man clos la phase 2 Marvel en relevant un peu le niveau, après le décevant Avengers : l'ère d'Ultron. L'introduction de ce nouveau super-héros interprété par Paul Rudd est prometteuse, mais souffre d'une trame classique et d'une réalisation manquant de rythme.


C'est un divertissement réussi, après les désastreux San Andreas, Jurassic World et Terminator : Genisys, on a enfin un blockbuster tenant la route, sans pour autant être exceptionnel. Il a de nombreuses similitudes avec Les Gardiens de la Galaxie, il fait parti de la phase 2, sort en période estivale, prend un acteur dit comique pour tenir le premier rôle et ne se prend pas au sérieux.
Paul Rudd colle parfaitement à son personnage, il peut jouer au super-héros, sans avoir une carrure impressionnante, cela le rend plus humain et sa relation avec sa fille Abby Ryder Forston est touchante. Leurs rapports sont drôles, elle a hérité de l'humour pas vraiment innocent de son père et en joue autant que lui. C'est décalé, cela change du héros torturé par un deuil. Après, il est peut-être orphelin, le dossier "parents" n'a pas été évoqué durant le film. Bien sur, ce n'est pas un homme comme les autres, c'est un cambrioleur mais du genre à voler aux riches pour donner aux pauvres, une sorte de Robin des Bois 2.0. On le retrouve sortant de prison sur de la musique mexicaine, retrouvant son acolyte Michael Pena.
La réussite d'un long-métrage provient parfois du degré de sadisme du méchant ou des seconds rôles apportant une touche d'humour, souvent bienvenue dans ce genre de film. Là, c'est la performance de Michael Pena qui remporte la mise, il renverse tout sur son passage, que ce soit lorsqu'il raconte ses rencontres avec ses cousins menant à un possible cambriolage; grâce aussi à un montage frénétique; ou quand il use de ses poings. Il est le partenaire idéal, comme dans End of Watch ou Fury, tout les deux sous la direction de David Ayer. Toutes ses apparitions apportent le brin de folie, qui permet de donner un coup d'accélérateur à un film se perdant souvent dans la relation pseudo complexe père/fille entre Michael Douglas et Evangeline Lilly. Comme celle concernant notre héros semble trop normal, il fallait bien un traumatisme pour tirer sur la corde sensible du spectateur en mal de violons sirupeux. Cela fonctionne moins bien, c'est mal emmené et finalement, on ne se passionne pas vraiment pour leurs problèmes familiaux. Les acteurs sont pourtant impeccables, mais il y a comme une impression de vouloir à tout prix caser un drame, pour donner un côté "sérieux" au film, qui n'en avait pas vraiment besoin. C'est son côté fun, qui accroche le spectateur, mais aussi ses scènes d'actions réussies, dont pour une fois, la 3D ne semble pas superflue. Les effets spéciaux permettent de rendre l'ensemble cohérent, les changements de taille constant du héros ne souffrent d'aucunes faiblesses, même quand il évolue parmi son armée de fourmis. On appréciera aussi l'absence de destruction d'une ville, San Francisco et surtout son Golden Gate Bridge, ne vont pas être maltraités, mais pas le circuit de trains...il fallait bien une victime.


La réalisation manque d'enthousiasme, Peyton Reed n'est pas réputé pour sa mise en scène, on peut le vérifier dans deux de ses films : La Rupture et Yes Man, qui sont des comédies plutôt plates. Il n'arrive jamais à emballer l'histoire et donne souvent l'impression que les scènes réussies sont dû à Edgar Wright, tant on retrouve sa touche dans les plans et même le montage, ce qui est plus étonnant. Après son départ du projet, on aurait pu craindre le pire pour le film, mais la réécriture de Paul Rudd et Adam McKay ne dénature pas trop le script original.
En dehors des ressorts dramatiques pas vraiment intéressants, on a aussi ce méchant avec les traits de Corey Stoll, manquant cruellement de subtilité. Dès qu'on le voit, on sait que c'est lui tant la lueur dans ses yeux démontre déjà la folie de son personnage. Puis ses motivations sont un peu foireuses, il a pourtant pris le contrôle de la société de Michael Douglas, mais il n'a jamais eu l'approbation de ce père de substitution, lui-même déçu par celui qu'il considérait comme son fils, vous suivez ? Est-il orphelin ? On lui a volé son pain de chocolat à la récré ou tout simplement, il vit mal la disparition de sa chevelure ? On ne le saura jamais, mais il n'a pas dû avoir une vie facile, pauvre chou. Finalement, tout n'est qu'une question de filiation.
On retrouve de multiples références aux autres films Marvel, avec aussi l'apparition de certains personnages, pour mieux ancrer le film dans cet univers. La question de Paul Rudd : Pourquoi on appelle pas les Avengers ? démontre le manque de sérieux de l'histoire et c'est souvent jouissif. Par contre, ce n'est pas un film de braquage, du moins il ne respecte pas les codes, pas que cela soit une obligation, mais on assiste pas à la préparation et cela ne se révèle pas très compliqué. L'équipe de bras cassés est sympathique avec T.I. faisant du T.I. et David Dastmalchian sortant la panoplie du parfait geek. Il en va de même pour le duo de policiers Bobby Cannavale et Wood Harris se contentant du minimum, avec chacun un moment sympathique pour dire qu'ils sont là. C'est surement dû à l'abondance de personnages, c'est ambitieux mais ils manquent de profondeur et on en revient au beau duo père/fille Paul Rudd et Abby Ryder Forster si réussi.


La trame est classique : le refus d'endosser le costume du héros, la fibre familiale pour le motiver, la rédemption, l'entrainement, la découverte des pouvoirs, etc.... Le cahier des charges est bien rempli, mais cela manque d'originalité. Il y a comme un air de déjà-vu, mais cela faisait longtemps qu'un super-héros en solo, n'avait pas su tenir un film sur ses épaules, comme lors du premier Iron Man.
La phase 3 va pouvoir commencer avec Captain America : Civil War et surtout l'arrivée d'un nouveau héros avec Doctor Strange en 2016.


Paul Rudd fait une belle entrée dans l'univers Marvel, comme Chris Pratt dans Les Gardiens de la Galaxie, le choix de prendre un acteur dit comique, se révèle judicieux. Mais on se demandera toujours ce qu'aurait été le film sous la direction d'Edgar Wright...

easy2fly
7
Écrit par

Créée

le 15 juil. 2015

Critique lue 368 fois

1 j'aime

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 368 fois

1

D'autres avis sur Ant-Man

Ant-Man
Behind_the_Mask
8

Marvel se lance dans l'ant-omologie

Gestation difficile, portes claquées, mise en accusation du système Marvel, Ant-Man, avant même sa sortie, concentrait tout ce qui n'allait pas derrière les volets clos de la Maison des Idées. Dans...

le 19 juil. 2015

51 j'aime

9

Ant-Man
Kogepan
7

Antoinette

Je vais être honnête, je n'y allais que pour occuper un après-midi démotivé et profiter de la clim dans la salle de cinéma, par ces temps de grillades (la grillade c'est moi, pas la bidoche qui passe...

le 22 juil. 2015

41 j'aime

3

Ant-Man
Star-Lord09
7

L'homme qui rétrécit ou le coup de pied dans la fourmilière

La phase 2 se termine et emmène avec elle un dernier film étonnamment humble si on le compare aux derniers rollercoasters du MCU. Retour, donc, bienvenue, à ces héros Marvel empêtrés dans les...

le 17 juil. 2015

39 j'aime

9

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

63 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8