La première partie du film est très réussie malgré un chemin balisé et classique dans le traitement de son scénario, qui se centre essentiellement sur l’introspection des personnages. D’ailleurs, les liens et les interactions entre chaque personnage sont très bien amenés et parfaitement crédibles. Pour ce qui est de la raison qui transforme nos 4 protagonistes en super héros, elle est ici toute différente de celle connue du grand public, car là ou il s’agissait de radiations subies lors d’un voyage spatial dans la version comics des 4 Fantastiques. Dans ce reboot il s’agit d’une radiation subie suite à une téléportation menant vers une autre dimension. Ce petit changement est plutôt bien pensé, car plus en adéquation avec notre époque et notre culture de la conquête du voyage temporel que l’envie de voyage spatial plus trop d’actualité contrairement aux 60’s.
Les effets-spéciaux sont également très réussis et toutes les séquences où nos quatre héros démontrent leurs propres capacités sont très bien réalisées. On retrouve également une partie de la patte visuelle de Josh Trank (Chronicle) dans la photographie et la mise en scène, mais on reconnaît aussi la signature du réalisateur dans certain aspect du scénario oscillant parfois légèrement vers l’horreur.
Hélas, Josh Trank n’arrivera qu’à titiller cette approche forte intéressante du film, sa liberté artistique ayant apparemment été quelque peu rabroué par la Fox et le scénariste Simon Kinberg (confirmé par le réalisateur lui-même). Les studios visiblement trop frileux à l’idée des quelques prises de risques de la part du jeune cinéaste ont ainsi préférés couper court aux bonnes idées. Les acteurs sont quant à eux tous très bien dans leur personnage.
Mais c’est hélas dans la deuxième partie du long-métrage que les faiblesses du récit commencent à apparaître et c’est principalement le manque de véritables enjeux et d’ambitions qui empêche l’histoire de décoller, d’autant plus que le film est parsemé de quelques ellipses (genre 1 an plus tard) dont l’utilité est à chaque fois inexplicable, ce qui gâche en grande partie le récit et et l’homogénéité de sa narration…
L’autre gros reproche que je ferais au film est le manque de rythme et d’action. Il est fort regrettable que l’action n’arrive qu’à la toute fin car cela donne l’impression que le film ne démarre jamais, d’autant plus que la fin est bien trop abrupte et vite expédiée. A noter que le grand méchant Fatalis (Toby Kebbel) est plutôt réussi, aussi bien pour son apparence que pour ses propres capacités psychiques qui le rendent extrêmement menaçant. Malheureusement la menace qu’il représente tombe vite à l’eau, car il sera beaucoup trop rapidement vaincu ! Vu l’absence générale d’action tout le long du film, nous étions tout de même en droit d’attendre un affrontement final épique et digne de ce nom plutôt qu’assister à une conclusion bouclée en 10 minutes…
En bref ! Bien que bourré de bonnes idées, ce reboot des 4 Fantastiques ne vole jamais très haut, ne brille certainement pas par son excellence et cela en grande partie dû à une seconde moitié de film complètement bâclée. Au final, le film reste un divertissement honorable et nous restons tout de même loin de la catastrophe annoncée par la plupart des critiques. Nous constatons également à quel point la dictature des Studios Hollywoodiens étouffe dans l’œuf la fibre artistique de jeunes cinéastes pourtant si prometteurs, gâchant ainsi de nombreux films… Ce qui est un peu le cas ici !