Tarantino revient aujourd'hui avec un tout nouveau genre de western, après le succès de "Django Unchained", le réalisateur américain nous entraine dans une ambiance de huis clos sanglant dans "Les 8 Salopards", mélant Western à l'ancienne et film d'horreur actuel. Le film reprend tous les codes de Tarantino qui s'entoure, comme à son habitude, de ses acteurs favoris, brouille les pistes et joue avec les nerfs du spectateur. On peut dire que Quentin met le paquet, en s'offrant premièrement Ennio Morricone à la bande son, mais également en tournant exclusivement en "Ultra-Panavision-70" procédé abandonné depuis quelques temps qui élargit le champ de vision du spectateur. Mais plus qu'une claque esthétique, des dialogues cinglants, une bonne dose de sang et un casting quatre étoiles, ce dernier long métrage du réalisateur se veut très engagé, notamment dans le contexte de la traite des noirs et de la mysoginie ambiante, à l'époque comme aujourd'hui. C'est bien à cela que le réalisateur veut s'attaquer dans ce film, et quoi de mieux qu'un bon vieux western, véritable symbole de l'Amérique, pour en dénoncer les plus sombres aspects? 

Les 8 salopards "parle moins de la guerre de Sécession elle-même que des relations entre Blancs et Noirs à cette époque", souligne le réalisateur, "cette thématique n'a jamais vraiment été abordée par les grands réalisateurs de westerns". "Utiliser le western spaghetti pour aborder le problème de l'esclavage a été mon intention dès le départ avec Django Unchained. Dès lors, votre cinéma devient instantanément politique".
Un film politique donc, où Tarantino exhibe et décrypte l'enracinement de la haine, de la violence et du racisme aux Etats Unis, trois traits omniprésents dans le film; Brutaux, menteurs, misogynes, racistes… les pires spécimens de l’espèce humaine se sont donnés rendez-vous dans cette mercerie. Le récit évoque également les violences policières à l’encontre des minorités, entre autre la mort de Michael Brown à Ferguson. « Pour qu’un Noir soit en sécurité, il faut que le Blanc soit désarmé », explique ainsi le personnage du Major Marquis Warren, joué par Samuel L. Jackson.
Chaque action, chaque "coup fourré", chaque messe-basse est calculée pour dévoiler une triste réalité selon laquelle la violence et la colère sont omniprésentes et que les Etats-Unis se sont construits sur cette base. Tarantino nous offre ici un véritable pamphlet dirigé contre le monde contemporain lui même, et son cortège d'obsenités discriminatoires, que l'on peut retrouver dans n'importe quelle société actuelle.

RomainBerdollt
8
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le 28 sept. 2016

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Romain Berdollt

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