Ah ça ! Il n’y a pas à dire : quand c’est un gars comme Quentin Tarantino qui est aux commandes, ça se sent dès les premières minutes ! Cadres, musiques, dialogues : tout chez lui est tellement pensé et pénétrant ! Rien pour que sa scène d’intro, maîtrisée de part en part, ce « Huit salopards » vaut déjà amplement le déplacement. Et puis voila que les minutes s’égrainent et qu’une logique commence à se mettre en place. Ça parle, ça parle beaucoup, ça parle longtemps. Ah je ne dis pas que ça parle mal, mais on comprend très vite avec ces « Huit salopards » que le verbe va être roi et que – autant se l’avouer – mieux vaut s’y préparer. Parce que oui, voyant à quel point l’intrigue laissait la place aux bavardages de chacun, j’en suis venu à vérifier, en pleine projection, la durée totale du film. Eh bah dis donc ! Presque trois heures ??? La vache ! Il faut se motiver tout de même ! Parce que bon, on ne va pas se mentir, ces « Huit salopards » n’est pas un film où règne une action riche et trépidante ! Et pourtant – et j’en suis le premier surpris – l’expérience ne fut pas si désagréable que ça. Moi le premier, je ne suis pas très fan des badinages interminables de l’ami Quentin. Je sais les apprécier quand il parvient à les mesurer et à les orienter malicieusement sur le sujet qu’il traite. Ainsi, autant « Django » ça a marché sur moi, autant « Boulevard de la mort » ça m’a horripilé. Dans ces « Huit salopards », les personnages s’étendent beaucoup certes, mais cela finit toujours par présenter une utilité. Et même si on peut reprocher le caractère un peu statique de l’intrigue (puisque quasiment tout le film se passe dans une seule et même pièce) cela ne manque pas de lui attirer un petit charme, un charme qui – justement – ne peut se construire selon moi que si on y consacre du temps... D’ailleurs, c’est peut-être un petit peu con de dire ça mais, là où beaucoup verront dans ce film une simple reprise auto-référencée de « Reservoir Dogs », moi je ne peux pas m’empêcher d’y retrouver les charmes de ces bons vieux polars anglais où, dans un huis-clos presque intimiste, on se complaît à en apprendre sans cesse plus sur les relations entre les personnages. Personnellement, il m’a fallu un certain temps, voire même un certain effort, pour que ça marche sur moi. Mais bon, au bout d’une bonne heure et demie, le temps ne fut plus un problème pour moi. J’avais réussi à imprimer le rythme et j’étais impatient de voir comment l’ami Quentin allait démêler sa pelote. Or, pour le coup, la seconde moitié du film a été pour moi un enchaînement étrange de sentiments contrastés. Autant j’ai adoré la manière dont petit à petit l’intrigue s’est révélée à moi, parvenant à mettre en place une tension progressive qui par instants m’a vraiment saisie, autant certaines boursouflures m’ont régulièrement sorti de mon trip. Quelques scènes crues m’ont dérangé, non pas parce qu’elles étaient réellement violentes, mais plutôt parce qu’elles étaient gratuites...


(Que Kurt vomisse du sang en pleine bouche de la pauvre Jennifer, franchement je pense que celle-là il aurait pu l’éviter...)


De mê son final, ces « Huit salopards » auraient quand même gagné à s’écourter un peu, voire même à s’écourter beaucoup. Au final, je suis ressorti de tout cela très mitigé, mais malgré tout mitigé dans le bon sens. Certes, pas mal de choses m’avaient laissé dubitatifs, mais d’un autre côté pas mal d’autres choses m’avaient marqué positivement. Après tout, je suis ressorti de là heureux, satisfait d’avoir assisté à de beaux choix de cinéma. Et en toute franchise, au milieu de cette armée de faiseurs sans talent ni audace qui occupent actuellement nos salles obscures, c’est déjà là une très belle chose de prise. Après, c’est à vous de voir…

lhomme-grenouille
6

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le 21 sept. 2017

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