"Le 8ème film de Quentin Tarantino"...par ce simple carton déclenchant la précoce jubilation du fan, le cultissime réalisateur se tire une balle dans le pied (


ou dans les couilles pour être raccord


). Car en l'inscrivant dans une oeuvre, il invite forcément à la comparaison. Or il ne sortira pas gagnant de ce duel (d'où ma note un peu dure car le film mérite sans doute plus).


Tout commence plutôt bien avec un magnifique générique, (à la police jaune familière) sublimé par une musique d'Ennio Morricone. Ce compositeur est décidément fabuleux, lui qui sait toujours creuser le même microsillon sans jamais nous lasser. L'image est très belle : celle d'un supplicié célèbre, à une époque où la croix remplaçait la corde, où les clous ne servait pas uniquement à maintenir les portes fermées.Très lent mouvement de caméra et l'on découvre l'arène des neiges. Le contre pied n'est pas totale car on compte déjà pas mal de bons westerns qui ont osé remplacer le sable par la neige (Jeremiah Johnson, Dead man, Pale rider, la ruée vers l'or...). Un point noir apparaît au loin...et Tarantino annonce la couleur : son film va se jouer sur la durée ( et dire qu'il nous annonce une version longue) !!! Il va falloir souffrir avant d'arriver à. la débauche de violence, l'exercice de style dont il s'est fait maître, le passage obligé pour que nous ne soyons pas déçus. La diligence passe enfin devant nous (au bout de 10 minutes et déjà plusieurs spectateurs ont pris froid). Allez c'est parti, il va y avoir du plomb ! Et bien non, seules les semelles des bottes des chasseurs de primes sont plombées d'une neige qui colle aux sabots des chevaux et aux dialogues moins incisifs. On n'avance pas, on se gèle, le film se résume à deux scènes de diligence-stop et son rituel de présentation des personnages. A ce niveau, c'est du placement de produit pour bla-bla car . On me dira qu'il s'agit d'exposer, de mettre en place le récit, de semer pour mieux récolter dans le final. Soit. Mais il y a plus confortable qu'une heure de trajet en diligence.


On est alors heureux d'arriver à l'auberge (rouge) de Minnie juste avant de finir dingo. Le chemin de croix s'achève? Et bien non car nous entrons désormais dans le deuxième volet du film, un 8 clos très théâtral où les trois coups seront assurés par le cloutage d'une porte malmenée par le blizzard. Côté jardin : le vent et le froid ; Côté cour : un spoil auquel vous avez échappé. Et sur scène : 4 nouveaux salopards...Et c'est reparti pour les présentations et une succession de dialogues dignes du plus bavard des Agatha Christie. Qu'avons-nous pour nous aérer ? Un sombre Hercule Poirot qui se le fait dégorger et un flash back réjouissant mais qui n'est en fin de compte qu'une pâle copie de la scène d'ouverture d'Inglorious Bastard.
Tout comme ses héros, Tarantino tire un peu sur la corde. Alors au final oui, nous avons vu son 8ème film...pas le meilleur mais bon de quoi patienter en attendant le 9ème!!!

Mangaque
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le 31 janv. 2016

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