Tarantino est l'un des - rares - réalisateurs à ne m'avoir jamais déçu. Alors j'étais confiant en allant voir son huitième film, The Hateful Eight.
Au moment où les lumières s'éteignent, tout sent bon. Une police de caractères ultra kitsch, une bonne grosse mention "Tourné en 70 mm" (ou comment crier "je chie sur le numériiique !"), des musiques incongrues, tout ce qui a fait le charme des films de Tarantino.
L'histoire est relativement simple : le chasseur de prime John Ruth emmène sa prisonnière se faire pendre. Sur le chemin, sa diligence embarque un autre chasseur de primes, puis le sherif du bled voisin où aura lieu la pendaison.
Puis, rattrapés par le blizzard, les voyageurs s'arrêtent dans un relais où séjournent déjà quatre autres personnes.
Tendu comme une chambre à air surgonflée, le bon Ruth ne quitte pas son fusil et dit à qui veut bien l'entendre (et à qui ne veut pas aussi, d'ailleurs), qu'il compte emmener cette garce à la potence et que personne ne lui volera sa prise et les 10 000$ de récompense qui vont avec.
Malgré tout, les animosités, les méfiances et les souvenirs de la Guerre de Sécession (entre autres) vont venir foutre un peu la pagaille dans tout ce bouzin - et non, ça ne sera pas encore cette fois qu'on verra un Tarantino sans le mot "nègre" !
Les acteurs sont TOUS excellents. J'ai particulièrement aimé les performances de Samuel L. Jackson et Jennifer Jason Leigh, que l'on ne voit décidément pas assez au cinéma. Ses sourires narquois, ses œillades sont à tomber. Son jeu se nourrit ainsi de détails qui en disent long sur son personnage, ce qui est d'autant plus admirable qu'il parle relativement peu durant la première moitié du film. Content de retrouver également Tim Roth et Michael Madsen, des habitués de Tarantino.
Ici et là, on lit qu'il faut s'accrocher car la première moitié est très ennuyeuse. Personnellement je n'ai trouvé ça ni long ni ennuyeux ; tout est porté par les dialogues qui sont encore une fois délectables, un humour noir toujours plus jubilatoire. La construction est bien travaillée.
Le huit clos jouit d'un traitement très astucieux. Les champs / contre champs sont foison, on notera une utilisation savoureuse de la demie bennett (jamais su comment ça s'écrivait), et une pelletée de détails au second plan, avec une gestion des flous intéressante.
Je ne vais pas mentir, ce n'est pas un de mes Tarantino préférés. Je garderai dans cette catégorie le 1er Kill Bill, et Inglorious Basterds (oui oui).
Mais je ne vais pas mentir, ce n'est pas un mauvais film, loiiin de là. C'est un Tarantino après tout. Et un vrai. Impossible d'en douter, avec son découpage en chapitres, ses cuts incongrus, l'utilisation des musiques que je qualifierais de I-don't-give-a-fuck-esque tant elles apparaissent comme bon leur semblent et coupées sans transition par un Quentin qui fait ce qu'il veut, l'humoir noir, la violence crue...
Il aurait été dommage de passer à côté de ces huit salopards, surtout qu'on a failli ne jamais le voir sur écran. Je suis bien content qu'on l'ait eu.

QuentinYuanMalt
9
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le 24 janv. 2016

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Yuan Cloudheart

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