Les Huit Salopards : si Daisy Domergue parlait du dernier Tarantino

Je ne sais pas vous, mais moi, Tarantino me donne systématiquement envie de devenir (encore plus) vulgaire. Jusqu’à ce jour, il y a cependant eu deux époques dans ma relation injurieuse avec sa filmographie : celle où, de Reservoir Dogs à Kill Bill, j’exprimais mon f****** contentement et celle où, depuis Inglourious Basterds, j’ai plutôt tendance à déverser ma bile contre son cinéma qui devient de plus en plus caricatural, voire pire, qui flirte avec l’auto-pastiche (bonjour l’égocentrisme !). Alors, pour rester dans le ton, il m’a semblé congru de vous parler de son dernier fait d’armes, Les Huit Salopards, comme l’aurait fait sa prisonnière Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh). Avec une voix éraillée et un langage délicieusement charretier…


Crrr pshhhht (bruit de crachat). Arf, j’peux vous assurer que j’étais pleine de bonnes intentions. La perspective d’être coincée par ce foutu blizzard dans une auberge paumée du Wyoming avec tous ces salopards (le Bourreau et sa Prisonnière, le Chasseur de primes, le Shérif, le Confédéré, le Mexicain, le Court-sur-pattes et le Cowboy) pour refaire l’histoire des Etats-Unis dans un jeu de mensonges, de trahisons et de massacre me foutait pas les jetons. Et même si cela devait durer presque trois bordel d’heures. Au contraire, je me réjouissais bien de pouvoir enfin retrouver c’que j’aime chez Tarantino : ses putains de dialogues. Et j’ai pas été déçue. Ça non. Parce que des dialogues, il y en a à foison et, ouais, on peut pas le nier, Tarantino est foutrement doué pour ça. Mais il est aussi sacrément doué pour choisir les acteurs qui les débiteront. Et même si on sent qu’il a un peu trop essayé de refaire du Christoph Waltz avec Tim Roth (rah, j’ai rien contre Tim Roth hein, au contraire, me faites pas dire c’que j’ai pas dit), toute la brochette de salopards est finement trouvée : les classiques Samuel L. Jackson, Michael Madsen et Bruce Dern, le freaky Walton Goggins et pour sûr la dame Jennifer Jason Leigh. J’parlerais pas de la gueule d’ange du film pour pas tout vous pourrir. Mais, par contre, j’peux pas passer à côté de celui qui m’ravit à chaque fois : TANDAM Kurt Russell.


Kurt Russel justement. Damned Kurt Russell coincé au milieu d’une tempête de neige et en pleine paranoïa parce que certains des gars bloqués avec lui sont pas ce qu’ils prétendent être, ça vous rappelle rien ? Allez, Tarantino cache même pas qu’il a été influencé par The Thing de Carpenter. Et c’est d’ailleurs pas le seul foutu clin d’œil au cinéma d’horreur. Loin de là. Le huis clos sous la neige qui débouche sur une boucherie sanglante, ça tourne aussi du côté de Shining. Le sang qui éclabousse Daisy Domergue, c’est du Carrie au bal du diable tout craché, hein. Etc., etc. Bref, plus qu’avec un western, Tarantino flirte avec l’horreur. Et ça s’ressent même dans la musique. Snirrrf...


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Camdansunfilm
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le 3 févr. 2016

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