Les amours imaginaires est le second long-métrage du jeune cinéaste canadien Xavier Dolan, qui nous avait proposé le très prometteur J'ai tué ma mère l'année dernière. Après avoir traité des relations mère-fils dans son premier film, il évoque cette fois le thème de l'amour :

Francis et Marie, deux amis, tombent amoureux de la même personne. Leur trio va rapidement se transformer en relation malsaine où chacun va tenter d'interpréter à sa manière les mots et gestes de celui qu'il aime ...

Les deux amis, Francis et Marie, sont interprétés par Monia Chokri et Xavier Dolan lui-même, qui semble prendre l'habitude de jouer dans ses propres films, dans des rôles qu'on devine en partie autobiographiques. Quant à Nicolas, le garçon pour lequel Francis et Marie craquent, il est incarné par le charmant Niels Schneider (Nicolas), décidément l'acteur fétiche de Xavier Dolan puisqu'il interprétait déjà un ami du réalisateur-scénariste-acteur dans son premier film.

En parallèle de l'histoire qui lie Francis, Marie et Nicolas, le film est entrecoupé d'entretiens face à la caméra où des anonymes nous parlent de l'amour, de la première rencontre, de la première déclaration, de la rupture. J'ai bien aimé ces courtes séquences, parfois drôles, parfois touchantes, souvent les deux à la fois.

Le film lui-même m'a laissé une drôle d'impression. Il est lent, parfois trop lent, avec de longs plans au ralenti : certains sont très réussis, d'autres m'ont juste ennuyé – au point de fermer les paupières pendant quelques secondes à plusieurs reprises pendant la première demie-heure du film. Le principal reproche que je ferais à Xavier Dolan en temps que réalisateur, c'est d'être très maniéré, de trop travailler ses images. Cela m'a un peu rappelé A Single Man de Tom Ford, avec le risque que le fond soit noyé dans une forme trop sophistiquée, presque trop prétentieuse.

Le fond, justement, est là. Xavier Dolan nous parle très bien de l'amour, de sa soudaineté, de ses affres, de ses attentes impatientes et parfois vaines, de ses déceptions, de ses colères, de ses souffrances. Ce qu'il n'a pu exprimer avec le trio Francis-Marie-Nicolas, il le fait à travers des entretiens face à la caméra, qui complètement parfaitement le récit. Difficile, face à certains témoignages ou certaines scènes, de ne pas faire le lien avec nos propres histoires. C'est ce que j'aime dans ce cinéma du réel, cette impression d'y voir une partie de ma vie.

Les acteurs sont plutôt bons : les trois interprètes principaux sont convaincants, chacun dans leur style. Je dois avant tout parler de Niels Schneider, qui doit incarner Nicolas dont le charme est la clef du film. Le charme est bien au rendez-vous, l'acteur nous proposant (volontairement, d'après moi) une sorte de Louis Garrel blond, mi-imitation mi-hommage. Ce n'est sans doute pas un hasard si Louis Garrel fait lui-même une apparition remarquée à la fin du film, pour un sympathique clin d'oeil, au propre comme au figuré. Parmi les rôles secondaires, j'ai surtout remarqué et retenu la géniale Anne Dorval (Criquette Rockwell dans Le Coeur a ses Raisons, et la mère dans J'ai tué ma mère), dans un rôle excentrique dans lequel elle excelle.

Dans l'ensemble, je ne sais pas trop quoi penser de ce film, maniéré, trop sophistiqué par moment, mais juste dans son propos. Mi-figue mi-raisin, finalement. J'attends maintenant le prochain film de Xavier Dolan pour découvrir ce dont il nous parlera et voir comment il va évoluer.
ZeroJanvier
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le 6 oct. 2010

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Zéro Janvier

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