Et si… Et si les rapports entre humains et animaux s’inversaient soudain ? Et si nous, simples mortels, mais pourtant si sûrs de nos existences et de notre dominance, nous retrouvions à la place des animaux ? Ces animaux que nous domestiquons, maltraitons, asservissons, tuons pour notre plaisir ou notre consommation ? C’est là le point de départ, prometteur, de ces Animaux anonymes qui entend, selon son réalisateur Baptiste Rouveure, être "le témoin d’une emprise funeste de l’homme sur l’animal à travers l’exploitation et la chasse" tout en explorant, à cet effet, quelques canons de genres (survival, horreur et une touche de fantastique).


L’idée est évidemment attrayante, idée que Rouveure décline à différentes situations (abattoir, chasse, combats clandestins…) dans lesquelles l’animal se retrouve réduit à un bien, une propriété, une chose sans âme et insignifiante, périssable et consommable avant tout. L’homme est donc ici, à son tour, abandonné en bord de route et enchaîné, ou traqué, ou battu, dépecé et mangé. Et l’animal, devenu anthropomorphe (étranges visions d'étranges créatures tout droit sorties d'un délire à la Topor) et tout-puissant, agit comme on agissait sur lui, imitant nos codes, embrassant nos travers, revenant à nos instincts de mort et de destruction. En creux, extinction de masse, retour à une nature sauvage et production alimentaire sous-tendent les thématiques du film qui reste d’abord un film de genre(s), donc, avec ce qu’il faut d’un peu de suspens et de cracra.


Mais ça ne fonctionne pas. Ça fonctionne même rarement. Chaque scène est étirée plus que nécessaire et séparée de trop nombreux fondus au noir et autres plans de campagnes, si possible brumeuses, si bien que le film, déjà pas très long (une petite heure), paraît néanmoins en durer le double. À cela vient s’ajouter une mise en scène se limitant à un cadre tremblé, très tremblé, trop tremblé d’ailleurs, qui nuit à la lecture des scènes et de leur action (c’est particulièrement le cas lors du corps à corps dans la grange). D’une intention singulière et engageante, Rouveure ne tire finalement pas grand-chose, s’en tenant à un récit fade et balisé sans proposer de vraies réflexions sur les questions qu’il entend aborder (place de l’animal dans nos sociétés, dysfonctionnement de notre environnement, emprise de l’humain sur nos ressources naturelles…). Ce dont il avait, visiblement, l’ambition.


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mymp
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le 14 sept. 2021

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