Je ne serai probablement jamais un inconditionnel du cinéma de Ridley Scott : malgré une ou deux réussites majeures incontestables ( Alien, le huitième passager principalement...) sa carrière me semble jalonnée de films plus ou moins surestimés, visuellement peu attrayants et surtout aux mises en scène interchangeables et/ou standardisées... Si Matchstick Men bénéficie d'un style bien à lui incluant une photographie bleuâtre suggérant l'asepsie environnementale de son personnage principal ( interprété par un Nicolas Cage encore et toujours en roue libre...) et des effets de montage saccadés ( transitions en rideau, arrêts sur image, générique d'ouverture évoluant à la manière d'un disque rayé ) traduisant pertinemment ses troubles comportementaux ( TOC, maniaquerie, agoraphobie...) j'ai malgré tout le sentiment d'un long métrage faussement surprenant et peu conséquent dans ce qu'il cherche à nous raconter.
Commençant comme une banale intrigue d'arnaque à la petite semaine rassemblant les deux stars que sont Cage en obsessionnel précautionneux et Sam Rockwell en outsider malicieux ( le second étant - à l'aune des années 2000 - en pleine période bankable ) Matchstick Men tente un peu vainement de se démarquer du genre par la suite, en redoublant d'efforts scénaristiques et coups de théâtre de rigueur, notamment au travers de la figure d'Angela... Si Rockwell s'avère impérial en poto roublard légèrement en retrait Nicolas Cage cabotine jusqu'à l'écoeurement, malgré un rôle qui à priori justifierait ce flot d'outrances dramatiques.
Se dégage néanmoins du film une étrange sympathie, sympathie étayée par une bande originale des plus efficaces ( la partition de Hans Zimmer évoque les compositions de Gotan Project ; on peut également entendre à une ou deux reprises du Nino Rota revisité...). Toutefois le style visuel dudit métrage s'avère tapageur au point de piquer nos mirettes, alourdissant un récit présentant un antihéros dont le quotidien ménager ultra-cadenassé semble peu compatible avec son activité d'escroc sans scrupules et insouciant. Je reste en fin de compte assez perplexe, malgré la bonne tenue de l'ensemble...