Sympathique adaptation d'Adèle Blanc-Sec où l'héroïne gagne en sex-appeal - lèvre supérieure à la Derrick amincie, féminisée, tâches de rousseur effacées comme la balafre de 007 pour des raisons cinégéniques - ce qu'elle perd en originalité: une héroïne bien d'aujourd'hui.
Luc Besson, tout occupé à restituer l'univers de Tardi - et qu'on le veuille ou non, l'effort se voit à l'écran -, il omet de justifier la présence de certains personnages comme celui de Dieuleveut, ennemi juré d'Adèle, qui n'agit qu'en cadre de l'aventure et n'y joue aucun rôle véritable, ou de Justin de Saint-Hubert, qui semble tout droit sorti de Jumanji pour quelques gags sans importance réelle. Dommage, car Mathieu Amalric (Quantum of solace) et Jean-Paul Rouve (Sans arme, ni haine ni violence) insufflent une réelle originalité à leurs rôles respectifs.


C'est d'ailleurs l'un des points forts du film, le casting, qui ne se contente pas d'être étoilé mais maquille ses stars à l'extrême pour les changer en personnages de l'univers de Tardi.
Gilles Lelouche (Ma vie n'est pas une comédie romantique) cabotine un peu mais pour livrer une bonne caricature du policier bourgeois dépassé par les événements, Louise Bourgoin, ex-miss Météo de Canal +, tape dans l'oeil, tout en glamour et en humour, ce qui rend plus supportable son jeu bessonien et la voix de Bernard Lanneau - celle, nouvelle, officielle, de Michael Keaton - fait entrer agréablement le spectateur dans l'histoire. Ajoutez les caméos neutres mais sympathiques de Frédérique Bel ( Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?), de Guillaume Briat (ex-roi Burgonde de Kaamelott, nouvel Obélix) et de Tardi himself !
L'autre point fort tient dans les visuels, la recherche des costumes, des maquillages, la reconstitution, les moments de bravoure des effets spéciaux ainsi que quelques gags bien sentis


(la pyramide du Louvre et le Titanic, par exemple)


hélas parfois contre-balancés en mal par un rire un peu bouffon ( voir, par exemple, la destruction de l'admirable jeu sur l'expression "se mettre à table" pris aux deux sens du mot désamorcé par un rire gras de ponctuation, comme un triste panneau "riez" ou "applaudir", qui défait le bon effet).


Les points très faibles résident dans l'incohérence central du récit: Adèle recherche l'aide d'un savant ayant trouver le secret de la résurrection pour ressusciter un médecin momifié de Ramsès II afin de lui demander de ressusciter sa soeur ... pourquoi faire appel à un intermédiaire si le premier est déjà en état de sauver sa soeur ? Parce que, sauvetage narratif bancal, sa soeur n'est ni tout à fait morte ni tout à fait vivante. D'ailleurs, l'explication du mal d'Agathe, la soeur d'Adèle, pas plus sérieuse que l'accident de Jokari du père de Larmina dans Le Caire, nid d'espions, empêche de partager l'émotion réelle que veut procurer la belle, larmes aux yeux. Sans compter l'onde résurrection censée s'étendre sur 2 km à la ronde n'ayant aucun effet sur la soeur demi-morte voisine de quelques centimètres du résurrecteur. Bref, c'est brouillon, tout cela. Mais ça comble à qui mieux mieux les failles du scénario.


Dans l'ensemble un bon divertissement aux efforts notables mais qui ne sera pas du goût des inconditionnels de Tardi et qui trouvera son salut plus dans sa recherche esthétique que dans la profondeur ou ne serait-ce que la logique de son synopsis.


Dans mes bras, comme le répète Adèle ?
Il faut au moins ça, les bras de la belle, pour ne pas voir où le bas fait accroc.

Frenhofer
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le 11 mai 2019

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Frenhofer

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