Les brasiers de la colère ou le très beau film manqué de peu. Avec son casting aux petits oignons, un réalisateur qui sait se servir de sa caméra et une histoire prometteuse, il y avait en effet de quoi espérer une jolie proposition en terres redneck relevée à coup de marrons bien secs.

Helas, si Scott Cooper parvient à nous captiver par sa direction d'acteurs millimétrée, il peine en revanche a faire de ses matériaux de luxe autre chose qu'une simple récréation sans ambition. En lieu et place d'une dernière partie que l'on pouvait espérer nerveuse, on se retrouve avec une chasse au vilain sponsorisée par xanax. On comprend le parallèle avec la scène de chasse qui implique Bale un peu plus tôt, mais ça manque un peu de patate tout ça. A partir du moment où Bale tend son embuscade dans le bar, Scott Cooper laisse son film lui échapper. Quid du dernier plan d'ailleurs, si quelqu'un pouvait me le décrypter, parce qu'il m'échappe encore.

C'est dommage parce que la belle matière était bien sur la table. Et si l'écriture des Brasiers de la colère pêche par son manque de fougue, on ne peut en dire autant de son coup d'oeil graphique ou de sa direction d'acteurs. Casey Affleck vole littéralement le film avec sa belle partition, Bale semble parfaitement à sa place et les seconds rôles de choix sont aussi à la fête (Sam shepard toujours au top). Il n'y a finalement que Woody, que j'adore pourtant, qui semble en faire beaucoup trop. Le pauvre fait ce qu'il peut me direz-vous, vu la caricature qu'il incarne, jamais crédible une seule seconde. Ce qui enlève au film ses meilleurs moments de tension, notamment dans son final presque comique tant il est manqué (la séquence dans le bar vaut des points : woody qui s'énerve contre le pauvre barman molaçon, Bale qui se fait attendre sans raison à la porte typée saloon du bureau et laisse partir sa proie gambader dans l'herbe verte alors qu'elle est à 60m de lui et qu'il a un fusil à lunette ...).

Reste tout de même une belle trame familiale qui sauve le film. La relation qui lie les deux frangins est réussie et parvient pleinement à retranscrire cette vie qui nous échappe sans crier gare. Le personnage de Bale, malgré son apathie, est attachant même s'il manque quelque peu de rugosité.

A l'heure du bilan, les brasiers de la colère marque autant de points qu'il en perd. Ce qu'il a proposé est plus qu'honnête mais terriblement décevant quand on considère la matière qu'il y avait à disposition.
oso
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le 22 mars 2014

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