"I found the most dangerous game". C'est avec cette phrase, pas si énigmatique que ça, que le comte Zaroff explique à ses invités - 3 naufragés qui ont rejoint son île à quelques jours d'intervalle - qu'il a trouvé un nouveau divertissement dans la chasse, qui commençait à le lasser. Bon. Nos personnages principaux (Eve et Bob) découvrent bien vite l'horreur de l'activité de leur hôte : une véritable chasse à l'homme dont ils vont être les pions durant une nuit...
Cette œuvre a pu passer à la postérité en tant que film "culte" pour plusieurs raisons : tout d'abord le casting et le tournage du film, qui a lieu en même temps que King Kong : les deux films peuvent d'ailleurs se targuer d'avoir pour tête d'affiche Fay Wray, qui restera d'ailleurs plus célèbre pour avoir joué dans King Kong que dans Les chasses du comte Zaroff. Le noir et blanc, qui sublime le fantastique et l'horreur, traits caractéristiques du film et du cinéma des années 1930, joue pour beaucoup dans l'ambiance oppressante proposée au spectateur. Le sujet du film est tout de même plutôt cru et pourtant, terriblement bien exploité - là où il aurait été facile de s'en écarter ou de mal le cerner. Les acteurs sont bons, particulièrement Leslie Banks dans son rôle de psychopathe complètement fou. Les dialogues sont clairs, incisifs, jamais inutiles. Les décors de jungle sont plutôt bien faits pour l'époque, et le scénario tient le route - j'ai cru comprendre qu'il était tiré d'une nouvelle écrite dans les années 1920, mais j'ignore s'il est fidèle en tant qu'adaptation. Quoi qu'il en soit, même si la forme n'est pas irréprochable (vu de 2016, bien sûr que le film et son méchant sont kitsch!) le fond demeure, malgré les années, très intéressant. La réflexion sur le prédateur/le prédaté est un thème qui transcende les époques, et la nocivité de l'homme pour l'homme également, à l'heure où j'écris ces lignes peut-être plus que jamais. Quand on y réfléchit, et même si c'est plus léger, le film peut tout aussi bien mettre en perspective le combat végétarien... De loin, j'en conviens. Chose également amusante : outre tout le côté philosophique sur la légitimité du meurtre et de la chasse à l'homme, le comte Zaroff est diabolisé en tant que cruel meurtrier mais également en tant que Russe ayant fuit l'URSS communiste... Encore une fois, il faut voir le film pour le comprendre mais Leslie Banks y livre réellement une excellente prestation. Le format court, qui permet un traitement efficace du thème et de l'histoire en général, est également l'un des points clés de ce film, à voir au moins une fois dans sa vie selon moi, ne serait-ce que pour son ambiance gothique délicieusement clichée.