Les vents contraires...

LES CHEVALIERS BLANCS (13,7) (Joachim Lafosse, 2016, BEL, 112min)
Un drame pas totalement abouti décrivant le destin d'un président d'une ONG "Move for kids", qui a convaincu des familles françaises ne pouvant adopter de financer une opération d'exfiltrations afin de ramener des orphelins d'un pays d'Afrique noire en France. Joachim Lafosse adapte librement le livre "Sarkozy dans l’avion- les zozos de la Françafrique" revenant sur le fait divers et l'imbroglio diplomatique autour de "L'Arche de Zoé" qui avait défrayée la chronique en 2007. Le cinéaste nous plonge directement au cœur de l'association dite "humanitaire" avec réalisme et une mise en scène rythmée sans fioriture pour décrire ce scandale post colonialisme, comme une parabole des relations entre l'Afrique et l'Europe . L'auteur nous montre avec acuité et intelligence toute l'organisation se mettre en place, les différentes phases de négociations avec les chefs de village, les mésaventures techniques, le danger avec la guerre qui rode autour, et les différents conflits d'intérêts au cœur de l'organisme et petit à petit nous dévoile les dérives d'une entreprise qui partait au départ d'un bon sentiment et des humains dépassés par les événements. Joachim Lafosse filme de façon documentaire sans aucun sensationnalisme, manichéisme, avec une neutralité qui fait la force du récit et un peu sa faiblesse. Car à force de garder cette distance "objective" cela nous empêche un peu une plus grande implication émotionnelle, et on peut déplorer un peu la répétition de certaines situations. L'intelligence du long métrage malgré certains manques d'explications du contexte, réside dans le fait qu'il nous propose deux regards extérieurs à l'ONG, avec la journaliste jouée avec justesse par une Valérie Donzelli remarquablement sobre et Reda Kateb en pilote magouilleur toujours impeccable. Dans le rôle de Jacques Arnault, Vincent Lindon apporte son ambivalence, son énergie et sa sympathie dans cette interprétation tout en nuances, d'un homme enfermé dans ces convictions et Louise Bourgoin convaincante. Venez découvrir sous le soleil révélateur et aveuglant africain, ce qu'était "réellement" : "Les Chevaliers blancs". Passionnant, intéressant, dérangeant et intriguant.