Série culte des années 80, Les Chevaliers du Zodiaque fait sans aucun doute partie de mon top 3 des meilleures séries animées Japonaise de tous les temps. Inutile, donc, de vous dire à quel point j’attendais au tournant cette adaptation en images de synthèse de son arc le plus populaire : la bataille du sanctuaire. Une attente pleine d’enthousiasme teintée d’une pointe de crainte due à une question que tout fan a pu se poser en entendant parler de ce film. Comment compiler en moins d’une heure et demie une histoire aussi dense sans en détruire le charme, et surtout en débouchant à l’arrivée sur un long-métrage cohérent et compréhensible ? Et la réponse semblait plus qu’évidente, même si nous nous sommes tous naïvement surpris à rêver du contraire : c’était impossible.


En premier lieu, la responsabilité en incombe à une narration frénétique respirant la nécessité de raconter en trop peu de temps un trop grand nombre d’évènements. Le film ne parvient par conséquent que trop rarement à s’extirper d’un statut de résumé dont le spectateur ne parvient jamais vraiment à se détacher. Naît alors un sentiment d’urgence perpétuel renforcé par quelques aménagements scénaristiques parfois bien pensés (l’ellipse de la maison des Gémeaux), mais parfois franchement grotesques, à l’image de la ridicule apparition éclair d’Aphrodite, qui aurait aussi bien pu être remplacé par un honnête carton disant simplement : « On a plus le temps ! ». Certains de ces changements aboutiront même à d’inexplicables incohérences, telle cette énigme du retour d’un Hyoga inconscient dans la maison du Cancer après son affrontement contre Camus dans la maison du Verseau.


Mais de cohérence, ce long-métrage de Kei’ichi Sato en manque aussi dans sa démarche d’adaptation, à hésiter entre son envie de caresser les fans dans le sens du poil ou à s’adresser aux néophytes. Et cette indécision se traduit par un certains nombres d’agaçantes maladresses. Ainsi, le dit néophyte pourra pester contre le manque de clarté de l’ensemble, et en particulier sur l’apparente superficialité des relations entre les personnages, ici la plupart du temps réduits à leur plus simple expression, faute de développement. Le fan, quant à lui, aura tôt fait de s’insurger devant la succincte évocation d’éléments clés, ici devenus quasiment inutiles comme le septième sens ; ou devant une direction artistique, très sujette à débat, probablement influencée par des licences type Final Fantasy ou Transformers. Et tout cela est d’autant plus regrettable qu’en dépit de tout cela, le film réussit des choses.


Tout d’abord, si je comprends parfaitement que la fameuse partie visuelle du long-métrage ait ses détracteurs, je l’ai pour ma part trouvée plutôt agréable, octroyant à l’univers une réelle ambiance, particulièrement marquée dans les maisons du zodiaque, de ce point de vue très réussies. Mais le vrai point fort du film, le sauvant du même coup du naufrage, réside bel et bien dans ses combats funs, spectaculaires et à la mise en scène classe. Tranchant radicalement avec ceux de la série d’origine, le spectateur pourra se délecter de leurs qualités mais aussi de leur quantité intelligemment élevée qui permettront, au moins chez certains de faire passer la pilule.


En fin de compte, la plus grosse erreur des Chevaliers du Zodiaque : La Légende du Sanctuaire est d’avoir voulu se lancer dans cette mission suicide d’adapter en un seul (et court) long-métrage un pan entier d’une série. Il aurait sans doute été plus judicieux, vu le temps imparti, d’opter pour une histoire inédite comme l’aurait fait une OAV, qui aurait permis plus de liberté dans l’écriture, facilitant ainsi la possibilité de s’adresser à un large public. Ou bien alors de remodeler complètement l’histoire d’origine pour l’adapter à son nouveau format, si, comme j’ai pu le lire, le but avoué de l’équipe en charge du projet était d’en faire un reboot. Ce semi-échec est d’autant plus frustrant qu’on perçoit au travers de certains passages un réel respect de l’esprit de la série, et qu’on en arrive à se dire que l’exploit aurait probablement pu être réalisé avec 30 à 45 minutes supplémentaires. Une vraie déception, donc, mais dont les qualités sauront lui attirer certaines sympathies.

Arnaud_Lalanne
5
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le 16 avr. 2015

Critique lue 332 fois

Arnaud Lalanne

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