Prendre une caméra, demander à ses amis de dire des conneries en ayant un, deux, voire bien plus, coups dans le nez. Essayer de trouver des parallèles parmi le flot inconsistant et sans logique effective de ce qui caractérise un délire afin d'en faire un scénario. Rajouter un budget hollywoodien, remplacer ses copains de comptoirs miteux du PMU du village par des stars planétaires. Sortir dans toutes les salles de France, et d'autres, « Les chèvres du Pentagone »... Voilà, à mon avis, l'humble travail de Grant Heslov, l'inconnu notoire du cinéma américain, surfant sur la vague des frères Cœn, faisant, elle, tant de ravages sur son passage.

S'il y'a quelque chose d'agaçant dans toutes les formes d'art, c'est bien la copie, entendue la tentation compulsive d'un artiste à reproduire le style d'un autre. Grant Heslov excelle dans ce domaine.

Voilà ce que l'on peut objectivement tous se dire à la fin du film, mais si nos amis étaient Georges Clooney et Erwan McGregor, et qu'ils jouaient aussi naturellement l'injouable, nous resterions trois jours le sourire aux lèvres. On nous offre finalement un moment rafraîchissant, nous transmet une bonhomie délicieuse et nous restons scotchés à ce qui aurait pu nous faire fuir dès les premières minutes. Si l'absurde nous tient en haleine, l'excès d'incongruité, les frères Cœn en firent les frais avec « A Serious Man » taxé d'égoïste, nous laisse patois. Dans la sombre salle de cinéma où les rires se font plus rares le film allant sur sa fin, chacun se demande où diable l'on veut en venir. La fin en apothéose, pour ne pas trop en dire, est bien évidemment dans l'esprit du film tout entier, mais donne un goût désagréable dans la bouche d'un spectacle qui nous a finalement vendu qu'un simple délire. On tente de croiser un regard qui nous offrirait une demi-seconde de soutien, un regard qui nous dirait : « Non, tu n'es pas seul ».

Admettons, malgré être la pâle copie d'un « Burn After Reading » où l'on y ajoute un peu de LSD et deux-trois chèvres afin d'en alléger le ton (déjà bien léger), « Les Chèvres du Pentagone » trouve tout son intérêt dans la qualité de son humour, bien qu'il n'ait rien de plus subjectif que d'en juger, et le talent de son casting (notamment, pour en revenir à eux, du duo Clooney-McGregor auquel on ne peut rien reprocher). On s'étonne à rire autant et, une fois sorti du cinéma, on s'esclaffe les mains tendues vers le ciel « Ah ! Ils sont vraiment marrants ces frères Cœn ! ».

Qui ca ?
dicktracy365
5
Écrit par

Créée

le 24 juil. 2011

Critique lue 268 fois

dicktracy365

Écrit par

Critique lue 268 fois

D'autres avis sur Les Chèvres du Pentagone

Les Chèvres du Pentagone
Vnr-Herzog
7

More Than A Feeling

Et si l'armée américaine avait donné carte-blanche à un Hippie pour constituer un escadron de supers-soldats-Jedi ayant de puissants pouvoirs psychiques ? Question idiote ? C'est pourtant le postulat...

le 14 avr. 2011

29 j'aime

8

Les Chèvres du Pentagone
Heisenberg
7

Testament

Un film sous-estimé qui passera à la postérité. Pas forcément pour la comédie, au demeurant très drôle, digne héritière d'une ère Coen qu'on aimerait voir se poursuivre encore un peu, mais pour le...

le 14 avr. 2012

21 j'aime

9

Les Chèvres du Pentagone
Owens
7

Critique de Les Chèvres du Pentagone par Owens

Oui : Voir Georges Clooney regarder McGregor droit dans les yeux et lui annoncer "Je suis un Jedi", j'ai trouvé ça juste hilarant.

le 27 sept. 2010

19 j'aime

1

Du même critique

Bus Palladium
dicktracy365
1

Critique de Bus Palladium par dicktracy365

Que dire ? Si ce n'est que Bus Palladium est une immonde merde, un ramassis nauséabond de clichés absurdes, un non-sens total concernant ce qu'est réellement la scène rock française, des personnages...

le 26 juil. 2011

1 j'aime

New York, I Love You
dicktracy365
5

New York, I Love You

Réunir une dizaine de réalisateurs différents, leur distribuer à tous un thème et une ville en commun, dans la mouvance de « Paris je t'aime », tout en gardant la forme du court-métrage, certes,...

le 24 juil. 2011

1 j'aime

Green Zone
dicktracy365
6

Green Zone

La politique internationale américaine, par ses erreurs et errements, est un terreau inépuisable au cinéma de docu-fiction, du drame romancé d'une réalité attristante, quand elle n'est pas absurde...

le 24 juil. 2011

1 j'aime