Maman, je m'occupe des méchants

Sam Peckinpah pose sa sale ambiance dès le départ de ce thriller poisseux et brumeux... La sensation de claustrophobie présente va s'accentuer tout au long du métrage, avant de devenir un survival riche en frissons et tensions de toutes sortes.

Au cœur d'une Angleterre humide et rurale, nous sommes proches de l'imagerie du western, avec ses gueules cassées et ses saloons étroits et enfumés... Sauf que la poussière est remplacée par le crachin, le bourbon par de la bière brune et le désert par d'interminables collines verdâtres flanquées d'une mer agitée.

Dans cette ambiance grise, le réalisateur va nous montrer que ses personnages le sont aussi. Empoisonnant l'air petit à petit, Peckinpah tisse une toile à la fois fascinante et repoussante d'un drame viscéral. Le couple joué par l'excellent Dustin Hoffman et par la craquante Susan George s'enlise peu à peu dans un bourbier de violence indéfectible. Face à eux, les bouseux locaux au caractère légèrement instable et dangereux vont peu à peu devenir les victimes de cette bataille qui n'était au départ qu'un affrontement mental. Hoffman, en scientifique ricain, va peu à peu vriller, quitte à devenir aussi animal que ses rivaux. Le petit bonhomme couard et versatile du début va se transformer en esprit vengeur et impitoyable, bafouant l'autorité de sa femme et de ses peurs, prêt à tout pour sauvegarder ses valeurs et son foyer. D'ailleurs le personnage ambiguë joué par Susan George, va également exposer sa fragilité et sa part d'ombre. La puissance de la mise en scène et ses séquences choquantes renforcent l'aversion du spectateur, mais le tient aussi en haleine de bout en bout.

À travers ses personnages charismatiques et rudement bien définis, Peckinpah signe ici un chef d'oeuvre subversif et fatal, un film hypnotisant et glaçant de suspens. À ranger aux côtés d'Orange Mécanique et de Délivrance...