Un réalisateur qui signe son film sur une image du voiture qui se crashe enchaînée avec une ouverture sur Romy Schneider nue, ça donne forcément envie de voir la suite.
Et à raison. Michel Piccoli et Romy Schneider sont formidables, leur relation est entièrement crédible, les sourires de Romy font fondre et Piccoli est parfait dans son rôle de personnage qui hésite, qui laisse filer le temps. Le temps. Voilà le sujet central du film. Tout le monde en parle. On cause du futur et des vacances en Tunisie, on se souvient de jours heureux, on regarde ses amourettes avec regret, on hésite entre conserver la même vie ou s'enfuir au loin.
Pourtant, le spectateur sait qu'il n'y a pas de futur. Dès le début, l'accident est montré, dans toute sa violence, et au fil du film, la voiture évoque toujours l'accident. Et c'est dans ce cadre que Sautet va créer la vie qu'il annonce dans le titre. C'est en nous faisant craindre l'accident qu'il va créer des situations géniales, comme par exemple une dissertation sur un bruit d'oiseau électronique fait pour remplacer les oiseaux, ou encore une déclaration d'amour incroyable.
Mais toujours, l'accident. Toujours le temps. On est donc happé dans cette narration, dans ce scénario qui s'avoue à lui même que tout est prévu d'avance. Mais qui décide de le clamer pour faire naître dans le calculé l'imprévisible de la vie.
Dommage qu'après une première partie aussi grandiose, le film se tasse brièvement dans une sorte de sous Johnny Got his Gun. Heureusement, la fin est à l'image du film, vraie, touchante et sublime.
Un accident inoubliable, le temps qui passe, la vie.
Un grand film.
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