J’aime tellement le travail de Rohmer qu’il m’est difficile d’être critique à l’égard de ce film, qui m’a emmené sur la forme mais m’a laissé beaucoup d’amertume sur le fond.
Le scénario, en apparence dense et bien écrit, est à la limite du poussif lorsqu’on arrive à la fin du film. Le trop plein de retournement, de ramifications, banalise progressivement les différentes relations qui nous sont présentées.


Au point qu’à un moment je me demandais vraiment si la dernière amourette naissance de nos deux protagonistes n’allait pas finalement être chassée deux jours plus tard par une énième rencontre fortuite avec un ex de la petite enfance, le fils du frère de ma collègue qui lui aussi possède une maison secondaire à la campagne


Là où chez Rohmer tout était amené avec une malice et un charme implacable, ici on marche sur des œufs, surement à cause d’une vraie faiblesse de fond au niveau des dialogues et le jeu souvent trop tragique.


Les acteurs m’ont globalement séduits tout de même, mais par exemple lorsque Daphné (Camelia Jordana) invite Maxime à la confession sur ses relations amoureuses au tout début du film, j’ai déjà senti qu’on allait trop vite, et la demande beaucoup trop prise au sérieux pour être réalisée aussi rapidement.


Le nombre de relations amoureuses à développer de façon crédible force aussi le film à nous emmener sur des clichés de mise en scène très caricaturaux (le best of de moment complices à base de bataille de polochon et de dentifrice qui sort de la bouche, efficace pour développer une idylle "crédible" en 30 secondes).


Les dialogues étaient bien souvent de grandes banalités autour de l’amour, on manque un peu de bases littéraires pour nous fournir des concepts qui auraient pu appuyer le récit beaucoup plus profondément. Le film donne un peu malgré lui la photographie d’une époque moderne qui se cherche beaucoup sur le plan amoureux, qui ne cesse d’aimer, de quitter, de revenir en arrière, d’apprendre à aimer dans des formes libres qui peuvent parfois être déroutantes, confuses et en même temps apaisantes.


Pour le spectateur c’est un peu la même chose, le scénario à 15 tiroirs m’a emmené dans plein d’émotions différentes, et c’est le grand point fort du film. Le bordel scénaristique caractérise bien je trouve la vie amoureuse moderne, où l'on peine à s'engager, avec un dédale de sentiments qui rend les personnages attachants.


Quand bien même j’ai eu l'impression d’être un peu arnaqué par un sous Rohmer assez pathos, j’ai été pleinement capté pendant les deux heures et j’ai adoré certaines scènes.


La scène où Emilie Dequenne embrasse une dernière fois Vincent Macaigne j’ai trouvé ça très beau et très juste. Leurs retrouvailles également.


Si l’on fait abstraction de ses faiblesses, c’est un très joli film, avec un rythme qui nous permet de rester dedans tout le long. Certains moments m’ont fait oublier les quelques remarques plus haut, et j’ai quand même passé un très bon moment en le regardant.
On dira qu’au cinéma comme en amour il faut savoir accepter certains petits défauts lorsque vous êtes séduits sans trop savoir comment l’expliquer.


On est plus à une banalité près.

KévinDes1
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le 2 oct. 2020

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Kévin Des

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