Canal + aime Les Combattants : c'est la première indication que reçoit le spectateur avant même de voir le générique. De cette chaîne déprimante, presque angoissante parfois, le film a retenu la pire des leçons d'humour : presque toutes les répliques y fonctionnent des vannes et dans chaque scène, on croit entendre les ricanements satisfaits de Yann Barthès et de ses sbires. La partie consacrée à l'armée est sans doute la plus représentative de ce mépris : Madeleine, qui est le personnage le plus diplômé du film (donc le plus intelligent, car le film établit une stricte équivalence entre les deux), ne cesse d'opposer son esprit critique à la débilité collective des bidasses obéissant comme des chiens de Pavlov aux ordres d'un sergent instructeur qui leur demande de se jeter sur des grenades. Dans ces séquences vraiment pénibles, Les Combattants ressemble à une laborieuse parodie de Full Metal Jacket et la comparaison avec Kubrick est très douloureuse car, malgré les délires verbaux du sergent Hartman, la question de la formation des Marines était traitée sérieusement dans Full Metal Jacket: les soldats croyaient en la guerre, le Vietnam était même leur raison d'être. Pourquoi, dès lors, n'avoir pas traité plus littéralement la partie consacrée au stage de survie dans le camp militaire ? Pourquoi ne pas y avoir cru, même un peu? Cela aurait donné un peu de sens au titre et à la mythologie guerrière que s'est inventée le personnage de Madeleine. Cela aurait donné aussi un peu de grandeur à l'escapade finale des deux personnages. Au lieu de faire ce choix – qui aurait pu être très fort, car l'univers militaire est rarement regardé dans le cinéma français – Thomas Cailley se contente de filmer un camp de vacances où l'on joue au paintball, où l'on blague à la cantine, où l'on se met un peu de noir sur les joues. Lorsqu'Arnaud demande à Madeleine si elle veut participer à « l'activité maquillage» (qui correspond, en réalité, à un exercice en forêt), l'écriture du film se dévoile nettement : tout y est divertissement. Voir la suite sur mon blog.
chester_d
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le 8 sept. 2014

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